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jeudi 8 novembre 2018

Gréoux-les-bains... L'oasis romantique du Verdon



Le charme de Gréoulx...







Gréoux-les-bains (anciennement orthographié Gréoulx) se situe au coeur de la Haute-Provence, aux portes des gorges du Verdon, c'est une station thermale réputée, le bienfait de ses eaux convient aux rhumatismes et aux voies respiratoires mais c'est avant tout un gros village provençal de caractère. Jean Giono venait se reposer à Gréoux, il quittait l'été les grosses chaleurs de Manosque pour se réfugier chez ses amis Cadière , Antoine Cadière était le directeur de l'établissement thermal , l'écrivain venait de ce fait y soigner sa goutte. C'est là dans cette propriété décrépite mais pleine de charme qu'il a reçu pendant plusieurs mois Jean et Thaos Amrouche pour l'enregistrement de ses entretiens (1)




Le château de Gréoux


"Chère amie, (1948) Je désirerais aussi vous avoir pendant quelques temps ici pour que nous orchestrions plus soigneusement que par lettre ce qui doit être fait. Voilà ce que je vous offre. Il y a ici, à cinquante mètres de chez moi, plein soleil, trois pièces. Elles sont à vous. Venez , et venez tout de suite."
Lettre à Marguerite Thaos-Amrouche écrite à Gréoux
Jean Giono -  j'ai ce que j'ai donné



Jean Giono à Gréoux, dans la propriété de ses amis Cadière
(photo album La Pléiade)




La Maison aujourd'hui (photo août 2018)


Aujourd'hui la maison de Monsieur Cadière, propriétaire des thermes de Gréoux de cette époque, est réduite à l'état de ruine c'est-à-dire quatre murs noircis et en partie écroulés envahis par la nature et les ronces. La société des thermes à qui elle appartient maintenant l'a laissée à l'abandon, elle a été utilisée lors d'exercices incendie par les pompiers. Hélas il n'y a plus rien à faire...!! Mais passons sur cette déception passagère et écoutons plutôt ce que Jean Giono a à nous raconter...

"Ce pays a un charme ..."

"Je ne connais pas d'endroit plus guérisseur de l'ennui que Gréoulx.
De même que cet endroit béni guérit les rhumatismes avec les vieux remèdes des eaux plus anciennes que le monde... Ce pays dont je veux énumérer les charmes guérit l'ennui avec les remèdes créés par Dieu à cet usage. Les seuls remèdes, à mon avis et j'aimerais bien qu'on soit dès l'abord d'accord avec moi sur ce point."
Jean Giono - Provence


Les thermes gallo-Romains de Gréoux



Juillet 1949 - extraits de lettres de Jean Giono à Élise et ses filles :

"...Avant de faire ma valise j'ai voulu, ma petite Zizi, te faire tout de suite ce mot parce que je sais qu'au fond, tu languis un peu. Je te récrirai de Gréoux après avoir vu le docteur et commencé la cure..." 

" ...Il fait ici le Sénégal!! Ici, cependant, ne veut pas dire Gréoux où les hautes ombrages, la maison fraîche où je suis, sont délicieux. (...)
Moi, j'en suis maintenant à 30' de bain par jour. je me sens merveilleusement bien. C'est tout à fait miraculeux. Tout de suite après le bain je me recouche très couvert! pour deux heures de repos absolu.(...) Je retourne voir le Dr mercredi pour qu'il marque l'horaire suivant. (...) pour l'instant il dit que je suis dans une forme parfaite. La tension dont je t'ai parlé est à son avis, quoique un peu élevée, tout à fait négligeable et d'ailleurs, dit-il passagère(...) Pour la première fois, je suis absolument seul. Les Cadière, qui sont des anges, montent une gare sévère autour de moi. Je passe des jours sans dire un mot. C'est un délice. tu auras cet hiver un mari tout neuf et les filles auront un papa plus jeune qu'elles !!"
Jean Giono -  j'ai ce que j'ai donné

Encore, toujours à l'été 1949 :

" C'est pourquoi je reste à 30' de bains par jour. Le Dr m'a dit qu'il attendait encore avant de me donner des remèdes hypotenseurs et que d'ailleurs, il a répété : cette tension n'est pas anormale eu égard au travail intellectuel que vous faites, à la place des remèdes j'aimerais mieux que vous fassiez une cure de silence (ne pas parler) et de solitude. C'est ce que je fais magnifiquement grâce à Monsieur et madame Cadière qui sont aux petits soins pour moi et me défendent comme des lions ..."
Jean Giono -  j'ai ce que j'ai donné


"La flotte des nuages..."
Ou encore dans Provence :

"Prenez donc le rageur le plus enragé et amenez le ici, par exemple un matin de Juin, à l'heure où le ciel hésite entre le bleu dur et le vert tendre, pendant que démarre des lointaines Alpes, la flotte des nuages s'essaie à des régates pleines de fantaisie, quand le duvet de la nuit brille encore sur les feuilles et sur les herbes.
S'il résiste aux vingt cinq premiers pas qu'il fait sous les tilleuls plein de fleurs, si le parfum qui gonfle ses poumons ne lui fait pas oublier toutes les odeurs qui jusque là excitaient ses glandes, si vous ne voyez pas son visage rajeunir à une vitesse stupéfiante, ses yeux redevenir naïfs et sa bouche s'arrondir comme celle des nourrissons, c'est qu'il n'y a plus d'espoir pour lui (...) Mais je ne crois pas qu'il puisse résister au vingt cinq premiers pas."
Jean Giono - Provence



La rue piétonne, nous sommes en Haute-Provence!


Le château vu depuis le village

Aussi ce que Jean Giono fait dire à un certain Mirabeau -Tonneau qui est à la tête des "Hussards de la mort" de la Brigade de Coblence : 

" Sur les conseils de Madame Pierrisnard, j'ai vu Gréoulx (...) 
Dès mon arrivée ici j'ai été payé de ma constance (...) rien n'est plus propre au bonheur, à la paix, à l'élan d'une sereine pensée. Imaginez moi, entrecoupant de sérieuses confrontations morales avec l'air de Choris si tant est que l'aurore... que je fredonne sans cesse et sans souci de chanter juste. Voilà l'état où m'ont mis et les ombrages et la fraîcheur..."
Voilà notre Tonneau loin des Hussards de la mort , il est à Gréoulx et il fredonne Lulli"
  
"Voici donc ce que disent des charmes de Gréoulx, les voyageurs authentiques!"
Jean Giono - Provence


"Les ombrages et la fraîcheur..."

Ou bien à un certain Président des Brosses (Un bourguignon de Dijon ) :

" Un soir l'étape se fait à Gréoulx par pur hasard :
"Vous vous imaginez que je suis en Italie, rien ne va plus vite qu'un fauteuil. Moi qui ne me déplace qu'en réalité, j'approche à peine des abords. Pour tout dire,   je suis en Provence. Plaignez-moi, c'est l'aridité même. Je mendierais le ciel, après quatre jours de soleil infernal, si je n'étais depuis deux jours qui ne devraient jamais finir, dans un village où l'on prend les eaux et qui s'appelle Gréoulx". Jean Giono - Provence


Au hasard d'une rue...

Le campanile de Gréoux

Ou bien à son "Bien-aimé" Stendhal :

"Ah! le cher homme, lui aussi parle de Gréoulx et en quels termes vous allez voir. Mais il n'y est pas venu (...) et que dit-il de Gréoulx?"


"J'ai, dit ce voyageur en chambre, passé la Durance, près d'une chapelle qui domine les galets de ce fleuve tapageur et gris (...) j'y suis arrivé à trois heures de l'après-midi rôti de soleil et couvert de poussière (...) Ici tout s'est apaisé, mauvaise humeur et démangeaisons. L'eau des bains est onctueuse comme de la crème de lait et je ne connais pas de bonheur plus grand que celui que j'ai eu ensuite : déambuler dans du linge frais sous l'ombrage d'immenses platanes. Il faut dire que la société ici porte sur son visage le ravissement et la paix. C'est contagieux." Jean Giono - Provence



Les frondaisons de majestueux platanes
dans les jardins des thermes

La médiathèque Lucien Jacques 



L'affiche de l'expo Serge Fiorio


La visite Guidée proposée par André  Lombard (photo Robert Callier)

(Photo Robert Callier)


C'est à l'occasion d'une première visite à Gréoux à l'été 2015 que nous nous sommes rendus à  l' exposition Serge Fiorio (2) organisée par André Lombard (3) et Jacky Michel (4) à la médiathèque "Lucien Jacques" (5).
Cet hommage au peintre, cousin de Jean Giono nous a ravis. Nous avons pu y admirer quelques belles oeuvres réunies pour cet évènement. Et surtout, en raison de la grande amitié qui le liait à l'artiste, André a su nous faire découvrir l'homme qu'il était.


Serge Fiorio dans son oeuvre (photo André Lombard)

Les précieux outils du peintre ... (Photo Robert Callier )


Quelques oeuvres de Serge Fiorio




Le "Vieux moulin" de Lucien Jacques


Lucien Jacques (source association des amis de Lucien Jacques)

A Gréoux, il nous faut aussi parler de Lucien Jacques, ici c'est le siège de l'association des amis de Lucien et nous avons eu la chance d'y rencontrer son président Monsieur Jacky Michel. C'est au 10 rue Fontaine vieille que nous avons découvert tous ces trésors précieusement conservés, une grande richesse,  de merveilleux tableaux et plein de documents, toute l'oeuvre de cet artiste "multi-cultures" et "touche-à-tout". Il a résidé à Gréoux les 6 dernières années de sa vie, de 1955 à 1961 et sa maison le "Vieux moulin", en ruine lui aussi se trouve en centre ville tout près des thermes. Pendant notre séjour une belle exposition se tenait à la médiathèque, intitulée "Lucien Jacques et l'Egypte".( à venir, un article sur l'amitié Lucien Jacques - Jean Giono)


Le Moulin de Lucien 


"Antoine Cadière, le propriétaire des thermes, mettant le "Vieux moulin" à sa disposition, Lucien Jacques garde sa maison de Montjustin mais part s'installer à Gréoux-les-bains (...) Il retrouve avec émotion dans l'atelier du cordonnier Yvon Michel les odeurs et visions de son enfance n'ayant pas eu de vie de famille, il trouvera chez les Michel chaleur et réconfort."
Jacky Michel - site web de l'association : http://amislucienjacques.fr/






Les bords du Verdon


Pour terminer cette jolie balade culturelle, je vous parlerai moi aussi  de la douceur et du charme de vivre à Gréoux et surtout des délicieuses promenades au bord du Verdon... Et quand je dis "délicieuses promenades" je pèse mes mots, c'est un enchantement au plus chaud de la journée que se réfugier sur les berges de la rivière Verdon, la fraîcheur des ombrages, une multitude de canards et autres oiseaux, petits habitants discrets, des bancs propices à la lecture, au repos et à la méditation, le bruit de l'eau dans les roseaux, tout ici respire la tranquillité et l'apaisement.




(1) Entretiens Jean Giono- Jean et Thaos Amrouche -Éditions Gallimard

(2) Serge Fiorio : peintre, cousin de Jean Giono 

(3) André Lombard
Auteur de Pour Saluer Fiorio et Habemus Fiorio aux éditions La Carde Editeurs
et du blog http://sergefiorio.canalblog.com/

(4) Jacky Michel :
 Président de l'association des amis de Lucien Jacques  http://amislucienjacques.fr/


(5) Lucien Jacques : Poète, peintre, sculpteur,  et grand ami de Jean Giono - je consacrerai prochainement un article sur l'amitié Lucien Jacques-Jean Giono

samedi 14 juillet 2018

Au fil des rues de Marseille selon Jean Giono... Jour 2



Jean Giono piéton à Marseille... Jour 2



Pour Nicolas...



"C'est un port, l'un des plus beaux du bord de l'eau. Il est illustre sur tous les parallèles. A tout instant du jour et de la nuit, des bateaux labourent pour lui au plus loin des mers.
Il est l'un des seigneurs du large. Phare français, il balaye de sa lumière les cinq parties de la terre. Il s'appelle le port de MARSEILLE."
Albert Londres - Marseille, porte du sud.






Jour 2 donc, poursuivons notre balade au fil des quartiers en compagnie de l'auteur...


Le quai Rive Neuve :

Jean Giono, "l'ami des peintres", en août 1935, il se rend à Marseille chez son ami Jacques Thévenet (1) et il écrit à Lucien Jacques :



12 quai Rive Neuve


"Cher Lucien, je suis à Marseille chez Jacques Thévenet (Il n'y est pas mais j'ai repris son atelier pour un mois 12 quai Rive Neuve) Si tu viens ici, arrive me voir."
Jean Giono et Lucien Jacques - correspondance



A gauche, Jacques Thévenet et au milieu Jean Giono.
(source la Pléiade)
Jacques Thévenet - le Paraïs (Source internet)

La rue de Rome, la rue Sylvabelle et le quartier Notre Dame :



La rue de Rome, aujourd'hui complètement aménagée, ne reçoit plus que le tram qui mène place Castellane... Elle qui était si bruyante et si polluée par la densité de sa circulation est devenue havre de paix. C'est un plaisir de s'y balader en admirant les jolis magasins. Un peu plus loin la rue Sylvabelle, bourgeoise, longue et assez étroite est bordée d'immeubles  Second Empire admirablement restaurés.



Rue de Rome et au fond place Castellane






Les immeubles cossus de la rue Sylvabelle




" Je me suis dis que de toute façon, il était maintenant trop tard pour monter la rue Sylvabelle et gagner la colline Notre Dame de la Garde, comme j'avais eu l'intention de le faire en quittant le tramway 54 et en m'engageant dans la rue de Rome".
Jean Giono - Noé



La rue Sylvabelle 


" Après avoir vu mes experts, je m'en allais dans le quartier Notre-Dame de la Garde que j'aime beaucoup à cause de son caractère de village de colline qu'il conserve malgré qu'il soit attenant à la ville".
Jean Giono - Noé


Boulevard Notre-Dame

Que dire de Notre-Dame de la Garde, cette bonne-mère protectrice,  tant convoitée, tant admirée, tant vénérée et sur qui l'on fonde tant d'espoir... C'est de là-haut qu'on embrasse toute la ville à 360°, instant magique ... 

Notre-Dame de la Garde 




La Canebière : 

"La Ville (...) Elle est ouverte au vent du large par un sillon nord-sud, la Canebière." 
Jean Giono - Provence



La Canebière et au fond la masse du fort Saint-Nicolas
 (Photo Nicolas Reymes)


"Quand dans mon trolleybus de Castellane, je traverse la Canebière, je vois, là-bas au fond, le fort Saint-Nicolas et, à l'endroit où le mur à son arête en forme de proue, l'emplacement de ma cellule."
Jean Giono - Noé


Le fort Saint-Nicolas : 

Le fort Saint-Nicolas érigé sur ordre de Louis XIV , est un ouvrage massif mais pour autant élégant. Il est la place défensive du vieux port dont il marque l'entrée, il impressionne par sa taille. Jean Giono y fut incarcéré quelques mois en 1939 à la déclaration de guerre (2).




"C'était une cellule pour un seul prisonnier dans laquelle nous étions deux. On était obligés de doubler les cellules parce qu'il y avait beaucoup trop de prisonniers. (...) Il y avait au sommet de notre porte cet endroit grillagé par lequel le prisonnier reçoit l'air. Cet endroit grillagé donnait en plein ciel parce que c'était une cellule qui se trouvait au sommet du fort Saint-Nicolas à Marseille. Dans cette cellule, le soir, quand la nuit tombait, que nous étions couchés, arrivait au bout d'un certain moment une toute petite étoile.
Jean Giono - Jean Amrouche - Entretiens


Le fort Saint-Jean


Juste en face au fort Saint-Jean donne la réplique au fort Saint-Nicolas, ouvrage défensif  initié au XIIe siècle, plus discret, plus distingué et beaucoup moins imposant mais au charme indéniable dû à sa pierre rose. On remarquera que Jean Giono note qu'il n'y a pas beaucoup de mâts dans le port de Marseille, s'il revenait aujourd'hui il serait fort étonné !! 




Le fort Saint-Nicolas dans sa largeur 




Les mats du Vieux port

"Il y a bien toujours quelques mâts (il y a très peu de mâts dans le port de Marseille) mais il y a surtout, haut sur l'horizon et murant entièrement tout le fond de la Canebière, le magnifique fort Saint-Nicolas. Le grand mur du fort qui me fait face se termine vers la gauche par une belle arête de proue. C'est exactement dans cette proue que j'avais ma cellule en 1939.(2) J'ai passé dans cette prison quelques-unes des plus belles heures de ma vie. Je ne mens pas."
Jean Giono - Noé


L'avenue du Prado , David et les plages :

Le Prado, large avenue en prolongement de la rue de Rome nous conduit tout droit vers la mer, c'est un boulevard accueillant et ombragé. Il est bordé de demeures d'un autre siècle, toutes plus élégantes avec des jardins luxuriants. L'arrivée vers le rivage et la corniche Kennedy est du plus bel effet !! 

" Sans jamais avoir eu l'allure aristocratique de celui de Madrid, le Prado de Marseille était une belle avenue ; elle est aujourd'hui dévorée par l'automobile, sauf dans sa branche qui va vers la mer où elle est restée ce qu'elle était à l'origine" (...)
Jean Giono - Provence




Le Prado dans sa partie dense 



La même avenue beaucoup plus calme, vers la mer


" Une résidence de feuillages et d'oiseaux. Elle est encore dans cette partie escortée de demeures, les unes belles, les autres dans un style 1900 assez touchant, mais toutes entourées de beaux arbres et de pelouses, parfois même de taillis. Elle débouche sur la mer dans la meilleure tradition des avenues d'aventure."
Jean Giono - Provence


"Une résidence de feuillages et d'oiseaux... "



La statue de David, au bas du Prado en ouverture sur la mer



Le vieux port : 

Peu importe l'heure à laquelle nous nous promenons sur le Vieux port, à chaque visite on est toujours étonné de tant de magie, on oublie toujours que c'est aussi beau... et pourtant de jour comme de nuit, on reste là à regarder, comme envoûtés !! 




Le vieux port

Le marché aux poissons : 


Chaque matin, elles s'installent les poissonnières, elles ont le verbe haut pour attirer les touristes. Ici on trouve tout ce qu'il faut pour faire la bouillabaisse, sans compter les daurades, les sardines, les poulpes et les galinettes. 


Les poissonnières au travail 


"Ces dames de la Halle aux poissons ne jouent leurs rôles que devant l'étranger, qu'elles reconnaissent à coup sûr. Mais, si elles ont affaire à quelqu'un de leur race, elles auraient honte de s'exprimer comme au théâtre."
Jean Giono - Provence



Et pour finir la mer...

A Marseille elle a le premier rôle... elle est celle par qui tout arrive et aussi, souvent celle par qui tout repart,  qu'elle soit bleue, verte, grise ou noire selon le temps elle est à cet endroit un des plus beaux paysages maritimes qui soit avec cette rade somptueuse, parsemée d'îles qui permet à la ville cette ouverture sur l'immensité : 



La plage de l'espace Borrely



Au large, le château d'If et les îles du Frioul



"Au-dessus d'elle dort la mer qu'on voit finir au fond du ciel contre une ligne droite et noire, mais vient en bas jusqu'au ras des murs bouillonner dans des blocs de ciments (...) les étincellements du soleil d'été composent sur la mer une immense ville de terrasses habitée d'une population verte et vive"(...)
Jean Giono - Noé


(...) "'Jusqu'au ras des murs bouillonner dans des blocs de ciment"...

" (...) On arrivait de plain-pied sur la plus haute terrasse et, tout de suite, on était aveuglé par le miroitement de la mer. Mais, pendant qu'on restait ainsi un instant, les yeux clos, à regarder le frémissement de la mer courir en ondulations noires sur le rouge des paupières fermées, on était enveloppé de ce baume de liberté qui emplit les vents marins."
Jean Giono - Noé







le chapelet d'îles vu depuis la Bonne-mère 



En un mot : Le SUD !! 


"Le climat, la langueur orientale des vastes eaux, les étés torrides, les siestes dans les salles fraîches où le bourdon des guêpes organise le halètement sensuel de rêves lourds."
Jean Giono - Noé


Fin du voyage et retour à Manosque :



Manosque, la gare (source Marseille et son histoire) 


"Pour un voyage aussi court que celui-ci à Marseille, quand je rentre, je retrouve sur le quai de ma gare cet air vif des Basses-Alpes et avec lui, mon pays, comme revenant d'un dépaysement extraordinaire, c'est que l'air d'ici a un goût particulier."
Jean Giono - Provence 




Le parvis de la gare de Manosque aujourd'hui

Le quai de nos jours (août 2018)




(1) Jacques Thévenet : (1891 - 1989) Peintre, ami de Jean Giono, il illustrera de belles éditions des romans et nouvelles de l'auteur comme Un de Baumugnes, Jean le Bleu, Provence... Ils effectueront ensemble et en famille plusieurs voyages en Italie. (http://users.skynet.be/giono.peintres/ (pages 115 à 117) - Michèle Ducheny)



(2)  Incarcération au Fort Saint-Nicolas : Jean Giono sera incarcéré à Marseille en septembre 1939 pour pacifisme et libéré quelques moins plus tard, ainsi dégagé de toutes obligations militaires. (Voir l'article sur le Fort Saint-Nicolas).