J'aurais aimé...

J’aurais aimé Manosque et la Provence comme berceau de mon enfance !
J’aurais aimé séjourner au Paraïs !
J’aurais aimé avoir 20 ans au Contadour pour vivre la grande aventure ! Lire la suite...

vendredi 27 septembre 2013

On dit ... Riche comme Crésus ! C'est avant tout une histoire de zéros !


Le zéro, comment ça se multiplie?



Jules expose son problème à Mademoiselle Delphine
(Collection personnelle )


Le petit chemin, menant à l'école de Redortiers, au lieu dit "Les Sartrons", Jules rend visite à sa maîtresse pour un problème d'arithmétique...ou bien...


Une histoire d"ainsi de suite"...

l'école des Sartrons au Contadour,
 école de Mademoiselle Delphine, l'institutrice de Jules
Jules 
C'est un problème d"ainsi de suite", c'est à partir de l"ainsi de suite" que je suis foutu, parce que moi je voulais parler d'un chiffre à trente zéros!
Delphine 
Trente zéros ? Tu fais de l'astronomie ?
Jules 
De l'astronomie ? Pourquoi ?
Delphine 
Parce que trente zéros, dans le ciel ça se prononce, sur la terre c'est imprononçable !
Jules 
Mais enfin, celui qui a mille francs, il prononce mille francs, celui qui a cent mille francs, il prononce j'ai cent mille francs, celui qui a un million il prononce j'ai un million, celui qui a des milliards qu'est-ce qu'il prononce ?...
Delphine 
il prononce pas : il éclate !!
Jules 
Il éclate !!!
Delphine 
Hé oui, qu'est ce que tu veux qu'il fasse d'autre. Ici on peut tout acheter avec 3 sous. Il n'y a que 2 francs de différence entre une grive et cha-cha, et pourtant, comme goût, c'est le jour et la nuit. Alors, qu'est-ce que tu veux faire avec des milliards ? Si tu as des milliards, tu éclates !
Jules 
Et si je veux pas éclater...
Delphine 
"Ah, si tu veux pas éclater, alors je sais pas. Alors, il y a les banques. Les banques c'est des soupapes de sûreté. Comme à la batteuse. Quand il y a trop de pression, ça siffle..."
Jean Giono - Scénario de Crésus



La placette de Forcalquier, sur la droite on distingue des devantures,
C'est là que Jean Giono a situé le "Crédit Foncier des Alpes"

(C'est aujourd'hui la terrasse du restaurant l'Aïgo Blanco)

Jules, suivant les conseils de son institutrice part à la recherche d'une banque pour y placer tout son argent...il raconte ensuite sa visite (plutôt celle de son copain, pour ne pas se dévoiler) à Monsieur le Curé :


Jules 
(...) Quand je vous dit que mon copain a beaucoup de sous, je veux dire qu'il en a beaucoup, beaucoup, beaucoup. Astronomique. (...) Quand il a su qu'il en avait tant, il s'est dit : qu'est-ce que je vais en faire ? On lui a dit : va à la banque, la banque c'est un truc pour les sous ; quand y en a trop, ça siffle. Il y est allé, ça n'a pas sifflé. (...) La banque elle s'est mise à lui dire ce que c'est que des milliards. Alors, là, il a eu peur. Des milliards, Monsieur le Curé ! Vous savez ce que c'est, vous des milliards ?
Le Curé 
Des milliards ? tu es sûr de ne pas te tromper ?
Jules 
Sûr, comme d'être là devant vous.
Le Curé 
Ne prends pas Dieu à témoin, Jules, c'est défendu. Des milliards, c'est énorme.
Jules 
C'est énorme et imprononçable. Et voilà pourquoi il a peur. Celui qui a mille francs, il s'achète une bicyclette et ça lui fait toute la vie. Celui qui a un million, quand il se sera acheté une bicyclette toutes les années pendant vingt ans - et encore en dormant la nuit- c'est le bout du monde, mais celui qui peut s'acheter dix mille bicyclettes par seconde pendant cinq mille ans, eh bien, celui-là, il a peur.
Jean Giono - Scénario de Crésus

scène du banquet sur la crête (source internet)

La placette ou Jules dépose méthodiquement les billets devant chaque porte (village de Saumane)
Alors Jules décide pour célébrer sa toute nouvelle condition,  de convier ses voisins et ses ennemis à un très pittoresque banquet, en plein air sur le plateau, ce repas tourne à la bataille rangée, c'est une scène forte du film, puis Jules s'emploie  à distribuer méthodiquement sa nouvelle fortune et dépose régulièrement des paquets de billets devant la porte de chacun des villageois. Les habitants méfiants et armés partent alors tous ensemble à sa rencontre, bien décidés à en découdre avec lui sur cette soudaine générosité ...
L'arrivée de deux policiers dans une grosse traction noire met un terme à cette rocambolesque aventure et empêche que tout cela ne tourne à la tragédie, les billets sont des faux largués par l'ex-occupant Allemand pour "bousiller" l'économie nationale.

L'homme 
C'est moi qui cherche où est l'argent.
Jules 
Chez moi, dans des sacs de pommes de terre.
L'homme 
Vous n'en n'avez pas trop dépensé ? 
Jules 
 J'en ai donné aux gens d'en bas.
L'homme 
 Montez...
Jean Giono - Scénario de Crésus


La place de l'église de l'Hospitalet, au pied de la montagne de Lure
l'auto s'arrête devant l'église, elle croule sous les sacs de Jules chargés sur le toit, les habitants défilent alors devant un sac ouvert et y jettent les billets.

L'homme 
Allons, pressons, passons la monnaie. Je n'ai pas envie de coucher ici. Vous n'y avez pas touché ?
Paul 
Non !
L'homme 
Cependant il y avait une bonne pincée.
Albert 
On n'a pas eu le temps d'avoir des idées. Ça nous tombait dessus comme la misère sur le pauvre monde !


La voiture se met en route, la fortune disparait dans un nuage de poussière...Le village reprend alors sa vie passée...
Tout est bien qui finit bien, Jules libéré demande à Fine de l'épouser.

Jules frappe à la porte :

Fine 
Qui est là ?
Jules 
Moi.
Fine 
Qu'est-ce que tu viens faire ici ? Je t'ai dit que cette porte ne s'ouvrirait que pour mon mari.
Jules 
Ouvre, je te dis.
Fine 
Je te répète que cette porte ne s'ouvrira que pour mon mari.
Jules 
Ouvre. C'est ton mari.
Fine 
Qu'est-ce que tu dis ?
Jules 
C'est ton mari.
Fine 
Et où il est mon mari ?
Jules 
Il est pas derrière. Il est là. C'est moi.
Fine 
Toi !
Jules 
Tu sais ce qui est arrivé ?
Fine 
Oui, je sais, entre, je vais mettre ton couvert.
Jean Giono - Scénario de Crésus


Jules et Fine
(collection personnelle)

dimanche 22 septembre 2013

Crésus , "C'est un type qui a beaucoup d'argent, beaucoup, beaucoup, beaucoup! Des milliards."


"La lecture s'adresse à une élite ; le cinéma s'adresse à tout le monde. J'ai écrit cinquante romans, mais, dernièrement montrant ma carte de demi-tarif à un contrôleur de la S.N.C.F. il m'a  dit : "Giono", le metteur en scène? Tout ça parce qu'à  ce moment-là 'Crésus' tenait l'affiche. D'un côté quarante ans de travail solitaire, de l'autre côté six mois de travail facile."

Jean Giono - Quelques réflexions à propos du cinéma - Scénario de Crésus, Mars 1961



Scénario de Crésus qui m'a été dédicacé par Sylvie Durbet-Giono 

C'est l'histoire de Jules, un berger vivant en solitaire sur cette lande, dont le seul luxe est de retrouver certains soirs la compagnie de Fine sa voisine. Un jour qu'il promène ses bêtes, il tombe sur une sorte de bombe, remplie de billets de banque. Des billets à ne plus savoir qu'en faire, surtout pour un pauvre bonhomme qui a toujours vécu là haut sur sa montagne et ne connait rien d'autre que la vie de berger.
Que faire de tout cet argent? Comment le dépenser? Comment en profiter? La question est posée et il cherche à y répondre, en vain, ne faisant que s'attirer la haine des villageois d'à côté à qui il croyait faire plaisir en leurs distribuant sa fortune. C'est vrai...pourquoi auraient-ils besoin d'un argent dont ils ne savent que faire !! source internet


Le film édité  en DVD chez Ciné génération éditions

'Crésus' est un film écrit et réalisé par Jean Giono , sorti en 1962, avec Fernandel dans le rôle de Jules (Crésus), Marcelle Ranson-Hervé dans le rôle de Fine , Madame Sylvie dans le rôle de Delphine (l'institutrice de Jules), Rellys , Paul Préboist et bien d'autres...


Jean Giono, Fernandel et son fils Franck sur les lieux du tournage
(collection personnelle - Achat Cinémagie- Forcalquier)

Voici les deux bergeries de Jules et Fine lieux de tournage de cette belle fable, lieux retrouvés lors de randonnées cet été sur le plateau du Contadour et ses alentours.


La bergerie de Jules, lieu de tournage
























Elle est encore en bon état, elle a été crépie et sert encore aujourd'hui vraisemblablement toujours d'abri de berger.



La bergerie de Fine

























En ruine par rapport à celle de Jules, située dans le vallon également à quelques 500 mètres Elle est aujourd'hui occupée par une cheval et quelques vaches, il ne reste plus grand chose de la coquette petite maison de Fine.




Plaque apposée sur le mur de la bergerie de Jules

Le principal habitant à ce jour de la bergerie de Fine