J'aurais aimé...

J’aurais aimé Manosque et la Provence comme berceau de mon enfance !
J’aurais aimé séjourner au Paraïs !
J’aurais aimé avoir 20 ans au Contadour pour vivre la grande aventure ! Lire la suite...

dimanche 29 novembre 2015

Itinéraires de Manosque à Bargemon...

Des Alpes de Haute-Provence 
jusqu'aux collines du Haut Var...


Sur la crête de Lure ...
"on donnerait n'importe quoi pour faire les cent pas sur cette esplanade"

"On a laissé chez soi (qui nous attend) tout ce qu'on appelle le confort moderne. Soudain, ici, on s'aperçoit qu'en bas il nous manque l'essentiel. Quoi? Le temps! Le temps de vivre, le temps d'exister, le temps de faire le tour de soi-même.(...) Tout d'un coup, on voit brusquement à quoi sert la vie, et qu'on ne vit pas. N'importe qui (d'un peu bien fait) donnerait n'importe quoi pour faire les cent pas sur cette esplanade avant d'aller dormir entre ces murs contre lesquels grondent le vent." Jean Giono



Manosque, 






La résidence "Jean Giono" juste en face l'impasse du Paraïs

Les HLM de Manosque ( pas si "hideux" que ça!)


La colline du Mont d'Or à Manosque et ses vergers d'oliviers

"Il y a seulement vingt ans, Manosque avait encore les deux tiers de sa beauté(...) Tout a disparu. Manosque n'est plus qu'un ramassis d'HLM arrogants, hideux et fragiles. (...) La seule architecture de qualité est (pour quelques temps encore, mais compté) celle des collines, des plateaux et des déserts.
En voyant cette riche vallée de la Durance, on n'imaginerait pas qu'à quelques kilomètres de là existent des territoires de solitude, de sècheresse et de vent".


"La riche vallée de la Durance" (photo prise depuis le village de Lurs)


"Des territoire de solitude, de sècheresse et de vent"
(Le plateau du Contadour)


"Des collines, des plateaux et des déserts..." Source Internet



Les sommets, Mourre de Chanier , Sainte Victoire et Ventoux


"C'est là qu'il faut remercier quand la route vous hisse jusqu'à la vue qui embrasse des centaines de kilomètres carrés, jusqu'au Mourre de Chanier à l'est"...

Le Mourre de Chanier,
à l'horizon à gauche (vu du plateau des Mourres)

" ...jusqu'à la Sainte Victoire à l'Ouest "...


la Sainte victoire dans le lointain derrière le rocher de Volx
(vu du plateau des Mourres)
" jusqu'au Ventoux au Nord. (...) Toutes gentilles montagnes bien élevées, bien découpées et susceptibles de prendre un joli bleu dans l'orient de la lumière".



Le mont Ventoux (vu du contrefort d'Albion)

"Le pays bleu" (vu de la citadelle de Forcalquier)

Valensole


L'église "espagnole" de Valensole



Le plateau de Valensole aux couleurs de Juillet


"Valensole a une église espagnole (ou qu'on dirait). Elle émerge du plateau par la pointe de son extraordinaire clocher. Pendant quelques instants, il semble qu'elle sorte toute vivante d'un océan de lavande(...) le bourg est étagé sur le flan d'un val ensoleillé (de là son nom)".


Le plateau de Valensole aux couleurs de Septembre

Valensole


Puimoisson, Riez-la-Romaine,


"De là on accède en quelques kilomètres à travers les forêts de chênes blancs très sauvages, au large sur lequel vogue le village de Puimoisson. Ici les éléments de la vie ne peuvent plus rester liés ensemble sans le secours des vieux courages".

Puimoisson - photo Frederic D. (photos-provence.fr)



Les quatre colonnes romaines de Riez
(photo T. Verlinden)
(...) "A petits pas, ou à petits tours de roues, on s'en va vers Riez-la-Romaine
(...) cette vieille ville, qui conserve encore quatre très belles colonnes d'un temple (...) et des ruelles d'un moyen âge poignant."


Moustiers Sainte-Marie



Moustiers Sainte-Marie, la chapelle et les cyprès



L'étoile (photo Frédéric D.)

"La grande mise en scène est réservée pour Moustiers sainte-Marie. Brusquement par un détour de la route, on entre au Châtelet un soir où se jouerait à grand spectacle "La Passion d'Arnoul Gréban". 
Voilà Bethléem (...) C'est tout d'un coup une très grande production. La mise en scène a dû coûter les yeux de la tête. (...) On comprend avec étonnement émerveillé que les rochers, les cyprès, les oratoires, les chapelles et les croix sont en matière véritable et que le metteur en scène est Dieu."




"C'est tout d'un coup une très grande production"
photo Frédéric D. (photos-provence.fr)


"Le metteur en scène est Dieu" Au fond, le torrent.
"Quand on sera bien gorgé de théâtre, je conseille de passer ici la nuit qui éteint toutes les lampes, pour venir vers les minuit, quand tout le monde dort, écouter sur la place de Moustiers le bruit du torrent qui joue dans les échos de son ravin."

"A partir de là, la somptuosité du décor n'en finit plus..."



Les gorges du Verdon, le château d'Aiguines, Rougon.


"Nous sommes aux portes de ce que l'on appelle vulgairement les "Gorges du Verdon" c'est un paysage shakespearien avec un soupçon de Victor Hugo et beaucoup de Gustave Doré. (...) ce sont surtout des profondeurs, des à-pics et des gouffres."



L'entrée des Gorges du Verdon (1)


"La route monte le long d'amères pentes(...) C'est à ce moment là que la route nous met le château d'Aiguines en belle vue. C'est un très beau spécimen d'une noblesse qui ne transige pas. (...) il a quatre tours coiffées de Moustiers, il a profité de la pente sur laquelle il était juché pour dérouler ses escaliers."



Le château d'Aiguines (et le lac de Sainte Croix) (1)




"Un petit filet d'argent"

"C'est à ce palier métaphysique qu'il faut gagner les balcons du Verdon, car on doit se préparer aux abîmes. ceux-ci ne sont pas seulement ici des avenues perpendiculaires vers le centre de la terre. Si vous n'êtes pas sensibles au vide, penchez-vous sur l'abîme du belvédère de Rougon. Mille mètres plus bas, un petit filet d'argent luit, un petit serpent circule en silence."





"Rien de plus romantique que le mélange de ces rochers et e ces abîmes, de ces eaux vertes et de ces ombres pourpres, de ce ciel semblable à la mer Homérique et de ce vent qui parle avec la voix des Dieux morts."


Le village de Rougon
 ( collection personnelle, peinture achetée en brocante dans le haut Var)


Le plateau de Canjuers


"De l'autre côté de ces crêtes, se trouvent les grands déserts paisibles du Canjuers. Il faut se hâter de voir le Canjuers (2) pour quelques temps encore, l'Olympe ; bientôt il sera transformé en champ de tir."












(...) "Que ceux qui croient aux progrès viennent respirer ici un air qu'ils n'ont jamais goûté ; qu'ils viennent s'imprégner d'un silence auquel ils ont parfois essayer de rêver ; ils ne pourront faire leurs comptes qu'après."



Le vieux village abandonné de Brovès (3) sur le plateau de Canjuers

"Pendant près de quarante kilomètres de désert, on traverse les ruines (...) De chaque côté de la route , à perte de vue s'étendent les tas de pierre des maisons écroulées."


Brovès où ce qu'il en reste après les exercices de tirs de l'armée

Les collines du Haut Var et...Bargemon,











"Enfin une vapeur qui tremble à l'horizon signale Bargemon et on descend, tout étonné, dans un village du Moyen Âge qui paraît après ce qu'on a vu, une anticipation de l'an 2000."

La place centrale de Bargemon et ses terrasses à l'ombre des platanes

Les collines du Haut Var à Bargemon
"A Bargemon, les routes sont emmêlées comme des fils de laine dans lesquels les chats ont joué. Qu'il s'agisse de redescendre vers les pays faciles ou de continuer à monter vers l'essentiel, elles tournoient sur elles-mêmes comme si elles ne pouvaient se décider à vous conduire à un endroit ou à un autre (...) Il faut prendre soi-même la décision..."

"D'ici déjà, par dessus la vallée où dorment des saules opulents, on peut entendre les rumeurs de la Nationale 7 et même de la Côte d'Azur."


** Tous les textes de cet article sont extraits du livre Provence de Jean Giono (textes écrits en 1963)

(1) À l'entrée des gorges du Verdon se trouve maintenant la magnifique retenue d'eau du lac de sainte Croix, c'est une retenue artificielle, mise en eau en 1973 à la suite de la construction du barrage de Sainte Croix sur le cours du Verdon, Jean Giono en parle déjà dans son texte mais n'a pas connu le lac.

(2) Le plateau de Canjuers : encore appelé "Plan de Canjuers" est occupé depuis 1974 par les militaires, c'est le plus grand camp d'Europe continentale.


(3) Brovès, vieux village sacrifié, ancienne commune du département du Var, supprimée en 1972 lors de la création du camp militaire de Canjuers. (projet qui datait de 1963 ) c'est pour quoi Jean Giono l'évoque aussi.
Les habitants du village qui le souhaitaient ont été relogés dans le nouveau hameau appelé Brovès en Seillans,  construit donc sur la commune de Seillans (4) dans le Haut Var. Ce vieux village abandonné est en ruine, détruit en grande partie par les militaires, ils en firent un lieu privilégié d'exercices de tirs.

(4)Seillans - Joli village perché du Canton de Fayence, qui se trouve sous le plateau de Canjuers, c'est un endroit qui mérite le détour et où il fait bon vivre. 

lundi 25 mai 2015

A Manosque, sur le chemin de la Thomassine ...





Encore et toujours , suivons le bon guide en la personne de Jean-Louis Carribou (1)! C'est toujours un plaisir de mettre nos pas dans les siens et par la même occasion dans ceux de Jean Giono !!




Marcher un livre à la main !!

C'est sur la colline de la "Thomassine" que nous allons nous promener...


 ..."Le véritable trésor de Manosque est sa beauté . Beauté difficile à définir, si elle subjugue néanmoins d'un coup. Tout ce qu'on trouve ici, cent villes de Provence le possèdent : lumière et soleil, patine des crépis et des argiles, oliviers gris, cyprès, collines rousses : le catalogue n'a rien d'exceptionnel. Ce qui l'est, c'est l'ordre dans lequel ces éléments sont composés."
Jean Giono - Provence



Sur le chemin de la Thomassine


"La colline d'Espel et celle de la Thomassine barrent la route au vent du nord. C'est le mouvement même du ciel qui les a modelées. Leur flexible ligne de crête laisse passer dans le creux de sa houle cet air vivant, gloire de la haute Provence, fruit des lavanderaies, ce vent acide et fondant comme un sorbet dont les hommes nés sur cette terre ne peuvent plus se passer et qui les poursuit de nostalgie, où qu'ils aillent. Qui respire ce vent apprend une nouvelle volupté."
Jean Giono - Provence




Le cyprès, "arbre beau chanteur"

Le cyprès 'beau chanteur'

"Dans les collines, il y a toujours cet arbre à côté des fermes ; vous savez pourquoi, vous?
- Ah, mon bon monsieur, moi, je sais, je vais vous dire.(...) de mon temps, on plantait le cyprès, vous savez pourquoi? Parce que c'est un arbre beau chanteur. (...) C'est profond, c'est un peu comme une fontaine, tenez. (...) Ici on ne pouvait pas se payer le luxe de faire couler tant et plus . Ici, on mesurait l'eau à la burette.(...) Donc, pour remplacer la fontaine on plantait un cyprès au bord de la ferme, et comme ça à la place de la fontaine d'eau on avait la fontaine de l'air avec autant de compagnie, autant de plaisir."
Jean Giono - Solitude de la pitié


La maison de la Biodiversité (2)


Terrasse des eaux vives et des oliviers
Terrasse belvédère, au fond, les vignes
Le sentier s'élève doucement à l'arrière de la Thomassine au milieu des pins et des chênes verts. Nous laissons sur le côté la ruine d' un aqueduc qui paraît-il alimentait autrefois Manosque en eau.



"L'aqueduc dont le canal vide charrie le vent..."


L'aqueduc


"Cette terre qui s'étend, large de chaque côté, grasse, lourde, avec sa charge d'arbres et d'eau, ses fleuves, ses ruisseaux, ses forêts, ses monts et ses collines (...) avec de la force et des méchancetés? (...) avec de la vie!  La vie c'est des mouvements, c'est des soupirs... La voix de l'aqueduc et le chant des arbres."
Jean Giono - Colline



Le vallon




C'est dans ces collines au dessus de Manosque qu'Angelo recherche "malgré le vol des corneilles et le soleil fou" son ami Guiseppe réfugié après avoir fui la ville et la maladie : 


"Vous avez dû vous rendre compte qu'il n'y a plus personne en ville. (...) tout le reste est allé s'installer dans les champs, au grand air, dans les collines avoisinantes.(...) Sur les gradins, toute la population de la ville était rassemblée comme pour le spectacle d'un grand jeu.
(...) Le spectacle était si incongru qu'Angelo s'était arrêté.
(...) Il alla négligemment s'asseoir au pied d'un pin. Il s'adossa au tronc. (...) En bas de la colline était la ville : une carapace de tortue dans l'herbe. (...) Plus loin, serpentant à plat, une Durance de pierre et d'os, sans une goutte d'eau.

"Ces réflexions lui donnèrent beaucoup de tranquillité et il continua à monter dans la colline..."





"- Tu connais le chemin?

- Je connais un chemin que personne ne sait. Et qui y va franc.(...)
Jean Giono - Le Hussard sur le toit


Nous serpentons au milieu des amandiers, vergers et pins de toutes sortes, le chemin monte toujours.


Ça grimpe !

 A l'endroit nommé "Arborea" - il s'agit du lieu où ont été plantés par des enfants 1000 cèdres en hommage à Jean Giono pour commémorer le centenaire de sa naissance - on ne peut  s'empêcher de penser à  la belle fable de "L'homme qui plantait des arbres"!!












"Après le repas de midi, il recommença à trier sa semence. Je mis je crois, assez d'insistance dans mes questions puisqu'il y répondit. Depuis trois ans il plantait des arbre dans cette solitude. Il en avait planté cent mille, vingt mille étaient sortis. Sur ces vingt mille , il comptait encore en perdre la moitié, (...) restaient dix mille chênes qui allaient pousser dans cet endroit ou il n'y avait rien auparavant."

"Il avait jugé que ce pays mourait par manque d'arbres. Il ajouta que, n'ayant pas d'occupations très importantes, il avait résolu de remédier à cet état de choses."

" Je lui dit que dans trente ans, ces dix mille chênes seraient magnifiques; Il me répondit très simplement que, si dieu lui prêtait vie, dans trente ans, il en aurait planté tellement d'autres que ces dix mille seraient comme une goutte d'eau dans la mer."
Jean Giono - L'homme qui plantait des arbres"



Le col de la Mort d'Imbert sur les hauteurs de Manosque (source internet)


Nous sommes toujours sur la colline de Pétavigne, nous empruntons la piste forestière en direction du col de la mort d'imbert , la montagne de Lure nous apparait soudain, toute bleue, barrant l'horizon et comme chaque fois c'est un grand coup au coeur devant tant de beauté.
Débouchant sur la crête, c'est en panoramique que tout le Haut Pays se déroule sous nos yeux émerveillés ...



Soudain la montagne bleue barre l'horizon
"Alors, un beau matin, sans rien dire, la colline me haussa sur sa plus belle cime,  elle écarta ses chênes et ses pins, et Lure m'apparut au milieu du lointain pays.
Elle était vautrée comme une taure dans un litière de brumes bleues."
Jean Giono - Présentation de Pan



Sur la colline, la bouche sombre et béante d'une grotte



"Le bonheur fou" de randonner


Nous avons longé la crête et fait le tour de cette colline, nous retrouvons les cèdres de Giono qui côtoient d'autres espèces et prenons un petit sentier bien agréable et ombragé pour redescendre doucement vers notre point de départ et retrouver la Thomassine.(3)










"L'admirable monde"



"Je les vois tous : ici, ce sont des chênes, des bouleaux, des érables ; (...)plus loin les châtaigniers, des peupliers, plus loin des pommiers - et ils sont régulièrement plantés dans une terre verte - plus loin encore des pins aroles, puis les gros chênes qui commencent à escalader les pentes de l'autre côté, puis les sapins, puis les mélèzes, des pâturages bordés de pruniers bleus, puis le grand corps sombre de la forêt."
(...)" Je marche plus vite que mon pas et je suis partout à la fois, et toutes les odeurs je les sens, toutes les formes je les touche."
Jean Giono -Les vraies richesses

"Devant moi, une terre rase montait vers un sommet qui me paraissait être
LA  JOIE ..."
Jean Giono -Les vraies richesses - préface aux Contadouriens.







(1) Tome 1 - 10 balades littéraires à la rencontre de Jean Giono, collection marcher un livre à la         main , le bec en l'air  (Manosque-des-Plateaux)

(2) La Maison de la biodiversité vous invite à découvrir la diversité des fruits dans un verger, au fil de l'eau vous passerez par les jardins de roses, vignes, oliviers, figuiers et potagers de légumes oubliés-

(3) pour l'itinéraire exact et précis de cette belle randonnée, se rapporter au livre de Jean Louis Carribou balade no 3