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lundi 19 avril 2021

Serge Fiorio à Taninges...


Pour André Lombard dont l'aide m'est toujours aussi précieuse...

Serge Fiorio à Taninges


"Aussitôt démobilisé, papa est revenu au bercail, il a repris son entreprise en main, un chantier ici, un chantier là, chaque fois ou presque, il nous fallait le suivre, déménager. Nous l'avons fait dix ou douze fois avant de nous installer, pour 16 ans, à Taninges, en Haute-Savoie où associé à tonton Ernest, il y exploita une carrière à ciel ouvert." 
Serge Fiorio - dans "Habemus Fiorio !" - André Lombard (La Carde éditeur)



C'est le 15 septembre 2010 à Montjustin que j'ai rencontré le peintre Serge Fiorio...

Serge, j'en avais entendu parler lors de notre visite au Paraïs à Manosque. 
Son hospitalité, sa bonhomie, son sens de l'accueil nous avaient été vantés... 

À l'entrée de Montjustin, une des premières maisons sur notre gauche et une belle surprise lorsqu'il nous a interpellés depuis la fenêtre de son atelier, proposant son aide. 
Quelle joie encore aujourd'hui la mémoire de cette rencontre hors-normes pour moi...
Le voilà devant nous, souriant, proposant de visiter sa maison, ce qui fut fait immédiatement, cet atelier où sans aucun doute beaucoup de ses oeuvres ont vu le jour. Quelques tableaux, un portrait de Jean Giono trônant en bonne place sur un chevalet, palettes et pinceaux en quantité. Un univers enchanteur et surtout une vue superbe de là-haut, comment ne pas être inspiré par de tels paysages.
Comme je lui exposais le but de mon escapade au village, sans hésitation il nous raconta, en vrac, la vie à Montjustin, Lucien Jacques et Jean Giono, sa vie à lui et son grand âge... Il allait avoir 100 ans... (1)
 

"En m'installant à Montjustin, j'avais la certitude très forte de prendre là un chemin dont je ne dévierai plus."
Serge Fiorio



Serge Fiorio à la fenêtre de son atelier

En compagnie de Serge dans son atelier... inestimable !

Quand on arrive au village, une vue magique...


Serge nous a quittés en 2011. Il repose au petit cimetière de Montjustin... je dis cimetière mais je devrais dire "petit jardin", tant cet endroit ne ressemble que de très très loin à un cimetière.


Ici repose le peintre Serge Fiorio


L'entrée du petit cimetière


A Taninges, Serge et son cousin Jean Giono


Si lors d'un séjour savoyard je suis allée jusqu'à Taninges en Haute-Savoie, c'est que j'avais une bonne raison ! Retrouver trace du passage de Serge Fiorio, le peintre de Montjustin dont Jean Giono était le cousin.


Serge Fiorio et son cousin Jean Giono (source A. Lombard) 


Au coeur de la vallée du Giffre, sur la route de Samoëns, Taninges se trouve à la croisée de deux torrents, le Giffre et le Foron.









C'est un gros bourg encadré de montagnes qui mérite qu'on s'y attarde.
Le torrent qui le traverse lui donne du caractère,  les abords sont bien fleuris, son centre ancien et sa Chartreuse valent le détour. 
Il faut oser s'aventurer, découvrir le charme du centre historique, la place du marché qui semble avoir peu changé au fil des siècles, les ruelles escarpées étroites et sombres, la rue des arcades, le vieux pont fleuri qui enjambe le Foron. 
Cet ensemble contribue au charme tranquille de ce petit bourg de Haute-Savoie.

















Nous poursuivons notre balade jusqu'à la Chartreuse de Mélan. 
Elle est majestueuse, placée dans un décor idyllique, un lieu de paix, parfaitement restauré, un riche patrimoine qui abrite aujourd'hui de belles expositions d'art, on y donne aussi des concerts. 
Pour compléter ce joli tableau, en altitude se trouve la station de ski de Praz-de-lys -Sommand.

La Chartreuse de Mélan


Aspect de la large vallée du Giffre



Je suis donc partie à la recherche de Serge, recherche plus ou moins fructueuse il faut le dire... Sauf à la "Maison du Patrimoine" et à "l'espace Jacquem'Arts" où l'accueil fut formidable et où j'ai été très bien renseignée.
"L'espace Jacquem'Arts" accueille tout au long de l'année de belles expositions d'artistes régionaux et la "Maison du Patrimoine" nous fait découvrir l'histoire de la commune et sa vie sociale, le tout richement documenté.




Voici donc la petite histoire :

Émile et Ernest  Fiorio habitent Taninges depuis 1924, ils sont les fils de Marguerite Fiorio née Giono, soeur du père de Jean Giono. Ils sont à cette époque entrepreneurs de travaux publics.

Serge Fiorio, fils d'Émile, a deux frères Aldo et Ezio, ainsi qu'une soeur aînée prénommée Ida. Il s'installe à son tour à Taninges en 1924 et là je laisse la parole à mon ami André Lombard (1), qui mieux que lui pour dresser le portrait de Serge, lui qui a vécu au plus près de l'artiste. Voici donc ses mots :

"Serge a vécu à Taninges de 1924 à 1940. Mais à partir de 1936, pensant ainsi  avoir plus de temps pour peindre, il n'a plus travaillé à la carrière paternelle où il cassait du caillou. Il s'est installé photographe au village."




"Je travaillais au chantier de bon coeur. J'avais besoin de sentir que j'avais des muscles, qu'ils pouvaient me permettre la confrontation avec les pénibles travaux physiques. Cela m'a donné beaucoup de force et d'assurance par-delà les grandes et bénéfiques fatigues.
S'allonger le soir, après une journée de dix heures à charger des wagonnets de pierres, et sentir un bien-être à faire rêver, cela me convenait. Le travail en équipe aussi. Travaux de carrier, puis d'entretien et de tracé de routes, ont rempli ma vie pendant dix années."
Serge Fiorio  dans : http://sergefiorio.canalblog.com/ Auteur : André Lombard (1)



Les ouvriers carriers à Taninges - (Source André Lombard)




"Mais il ne gagnait pas sa vie ; de plus les rares bonnes journées de belle lumière, il était obligé de les consacrer, non à peindre comme il le souhaitait, mais à la photographie !
N'empêche, il a fait le portrait de nombreux compagnons ouvriers, et peint à ce moment-là de grands formats comme "Les joueurs de Morra" et la "Cérémonie du cheval" par exemple, qui sont des toiles majeures de ce qu'il est maintenant, selon la judicieuse dénomination inventée par Gérard Allibert,  convenu d'appeler "La période solennelle" de son oeuvre peint."
André Lombard


Les joueurs de "Morra" (source André Lombard)


Le ouvriers carriers - Huile sur bois 1934 (Source André Lombard)


"Rarissime photo de Serge parmi les ouvriers de la carrière de Taninges.
Selon toute vraisemblance, lui n'y travaillait plus, étant sans doute venu
ce jour-là en visite amicale et, aidé d'un retardateur, faire la photo souvenir."

(André Lombard)

 


"A cette époque des premières années trente, Giono venait chaque été en vacances chez les Fiorio ; Serge lui a alors servi de guide pour de grandes randonnées en montagne et ils ont ainsi beaucoup partagé."
André Lombard 



Source Dauphiné Libéré 



Quelques courriers de la main de Jean Giono à Lucien Jacques relatant ces visites à Taninges chez les cousins Fiorio :

Le 19 août 1930

"Je pars après-demain pour Taninges Haute-Savoie chez mes cousins Fiorio où m'attendent tous mes cousins et cousines de la Suisse. J'avais une faim terrible de voir ce monde des Giono. Je t'ai dit ce que c'est que l'atmosphère de cette famille. Alors tu comprends. Et puis c'est un peu toute la jeunesse qui est restée là. Et puis tout un tas de choses bien loin ; et ils sont si gentils."


Le 05 septembre 1931

"Mes gionesques cousins, des gars de vingt ans, avec la barbe, et 1m92 de haut et 1m de largeur d'épaules, (il y en a un que j'appelle Jupiter jeune et l'autre Dyonisos). (...) J'irai passé cet hiver, tout l'hiver à Taninges... Mes cousins sont tous les deux terrassiers et Jupiter conduit les camions de l'entreprise. Mon cousin Serge, celui que j'appelle Dyonisos et qui est tellement beau qu'on ne peut y croire, dessine si bien que j'ai promis de le mener un jour à Paris pour lui faire visiter le Louvre. Il y a quelque chose à faire avec ce garçon : souple, intelligent, savant de la bonne science, un sac de sang."
 


De gauche à droite : Serge, Jean Giono, Aldo et Ezio
(Source André Lombard)



Le 10 août 1932

"Je vous attends, toi, Rose et Hugues pour le 15 août à Taninges. Si vous ne veniez pas, ce serait pour moi un  très gros chagrin.
Route depuis Grenoble :
Montmélian, Albertville, Ugine, Flumet, Mégève, Sallanches, Cluses, Taninges.
La plus belle, la plus 'routable', la plus courte. (Chez Émile Fiorio Rue des Arcades Taninges)"


Octobre 1933

"Je suis ici avec mes cousins Émile, Ernest, Aldo, Serge et Ezio. Tu dois comprendre quel bien cela me fait mais tu ne peux pas savoir jusqu'à quel point, je me sens comme en transfusion de sang."

Correspondance Jean Giono-Lucien Jacques, 1930-1961-Cahiers Giono 3, Gallimard 1983


La rue des Arcades à Taninges 


Pendant l'hiver 34, comme d'autres fois auparavant, Serge descendra à Manosque et l'écrivain lui demandera de faire son portrait. Voici ce qu'en dit André Lombard dans son "Habemus Fiorio !" :

 " Pour le moment nous ne sommes qu'en 1934, Serge descend encore une fois innocemment de Taninges "pour passer quelques jours" chez son cousin et rien ne peut laisser présager ce qui l'attend de nouveau sous le ciel magique de Haute-Provence. Il est heureux que ce soit Giono lui-même qui lui ordonne, presque le somme, en fait, de faire son portrait. (...) 
J'ai narré, dans le "Serge Fiorio" des éditions Le Poivre d'Âne, comment Giono en gare de Manosque, lui laissant à peine le temps de descendre du train, de poser son sac, aussitôt l'entreprend.
"Maintenant, tu vas aller plus loin, tu vas faire mon portrait !" lui dit-il à ce moment-là, sans l'ombre du moindre paternalisme mais quand même, non plus, sans aucun ménagement. Giono est sûr de lui parce que déjà sûr de Serge surtout, en son for intérieur."
Evidemment, cette invite est un cadeau du ciel, une manne pour le jeune peintre ! Mais personne n'en sait rien encore, personne ne peut vraiment savoir, ni deviner."

Serge à Manosque, au Paraïs avec Élise l'épouse de Giono


"Serge se souvenait encore très bien que, tout au long de ce séjour, "pour ne pas déranger l'autre", ils ne s'étaient que très rarement adressé la parole par-dessus la petite largeur du bureau qui alors seulement les séparait."



"Portrait du Poète à l'étoile et à la colombe" selon André Lombard


"Plus tard, il notera : "Je pense qu'en me commandant son portrait, Giono savait pertinemment que c'était là le chemin le plus direct pour m'ouvrir, toutes grandes, les fenêtres de ma propre liberté d'artiste."
Oui, c'était là, généreusement le pousser à faire la belle, à sortir de sa chrysalide et à ouvrir grand ses ailes."
André Lombard - Habemus Fiorio !



Ma petite histoire se termine comme elle a commencé, à Montjustin…






Et pour cela je laisse de nouveau la parole à mon ami André Lombard :


" Serge a le bon réflexe d’aller s’ouvrir à Giono du rêve, commun à lui et à son frère de s’installer près de lui en Haute-Provence.

Le poète l’aiguille naturellement, mais comme à tout hasard, vers Montjustin où son découvreur et ami Lucien Jacques, poète et aquarelliste de talent, vient d’acquérir une maison et quelques ruines. " (…)



Au fil des années ... Serge Fiorio et Lucien Jacques
deux voisins et amis à Montjustin (André Lombard)
 


« Et tout le ciel qui va avec ! »


«  Je me suis rendu à Montjustin sur le champ ! Lucien Jacques m’y a accueilli et hébergé pendant trois jours. » raconte Serge aujourd’hui.

« Après il remontera à Taninges faire part à Aldo de son enthousiasme pour ce village quasi abandonné. (…) Ils y reviennent ensemble dès qu’ils le peuvent. 

Sitôt devant les lignes bien orchestrées de la montagne de Lure et de ses contreforts, devant le Luberon animal, devant les Alpes pures sous un ciel de crystal, Aldo s’exclame, soulignant ses paroles d’un large geste du bras et de la main ouverte :


« Ici au moins, même si nous devons en baver, nous aurons tout ça ! » 


Pour saluer Fiorio - André Lombard - La Carde éditeur




Une rétrospective de l'oeuvre de Serge s'est tenue à Taninges en 1983. Une trentaine de toiles choisies dans la bonne soixantaine d'années de travail alors écoulées furent présentées dans les salons de la mairie, constituant la toute première rétrospective Serge Fiorio.





" La paix règne sur Fiorio de toile en toile, de sujet en sujet et d'année en année "

Pierre Magnan - Dans "Habemus Fiorio !" d'André Lombard




(1) Pour tout savoir sur Serge Fiorio, sa vie et son oeuvre,  se reporter au blog  d'André Lombard  :  http://sergefiorio.canalblog.com/

Et à ses deux ouvrages majeurs chez La Carde éditeur :

- Pour saluer Fiorio - précédé de Rêver avec Serge Fiorio
- Habemus Fiorio ! 












jeudi 8 novembre 2018

Gréoux-les-bains... L'oasis romantique du Verdon



Le charme de Gréoulx...







Gréoux-les-bains (anciennement orthographié Gréoulx) se situe au coeur de la Haute-Provence, aux portes des gorges du Verdon, c'est une station thermale réputée, le bienfait de ses eaux convient aux rhumatismes et aux voies respiratoires mais c'est avant tout un gros village provençal de caractère. Jean Giono venait se reposer à Gréoux, il quittait l'été les grosses chaleurs de Manosque pour se réfugier chez ses amis Cadière , Antoine Cadière était le directeur de l'établissement thermal , l'écrivain venait de ce fait y soigner sa goutte. C'est là dans cette propriété décrépite mais pleine de charme qu'il a reçu pendant plusieurs mois Jean et Thaos Amrouche pour l'enregistrement de ses entretiens (1)




Le château de Gréoux


"Chère amie, (1948) Je désirerais aussi vous avoir pendant quelques temps ici pour que nous orchestrions plus soigneusement que par lettre ce qui doit être fait. Voilà ce que je vous offre. Il y a ici, à cinquante mètres de chez moi, plein soleil, trois pièces. Elles sont à vous. Venez , et venez tout de suite."
Lettre à Marguerite Thaos-Amrouche écrite à Gréoux
Jean Giono -  j'ai ce que j'ai donné



Jean Giono à Gréoux, dans la propriété de ses amis Cadière
(photo album La Pléiade)




La Maison aujourd'hui (photo août 2018)


Aujourd'hui la maison de Monsieur Cadière, propriétaire des thermes de Gréoux de cette époque, est réduite à l'état de ruine c'est-à-dire quatre murs noircis et en partie écroulés envahis par la nature et les ronces. La société des thermes à qui elle appartient maintenant l'a laissée à l'abandon, elle a été utilisée lors d'exercices incendie par les pompiers. Hélas il n'y a plus rien à faire...!! Mais passons sur cette déception passagère et écoutons plutôt ce que Jean Giono a à nous raconter...

"Ce pays a un charme ..."

"Je ne connais pas d'endroit plus guérisseur de l'ennui que Gréoulx.
De même que cet endroit béni guérit les rhumatismes avec les vieux remèdes des eaux plus anciennes que le monde... Ce pays dont je veux énumérer les charmes guérit l'ennui avec les remèdes créés par Dieu à cet usage. Les seuls remèdes, à mon avis et j'aimerais bien qu'on soit dès l'abord d'accord avec moi sur ce point."
Jean Giono - Provence


Les thermes gallo-Romains de Gréoux



Juillet 1949 - extraits de lettres de Jean Giono à Élise et ses filles :

"...Avant de faire ma valise j'ai voulu, ma petite Zizi, te faire tout de suite ce mot parce que je sais qu'au fond, tu languis un peu. Je te récrirai de Gréoux après avoir vu le docteur et commencé la cure..." 

" ...Il fait ici le Sénégal!! Ici, cependant, ne veut pas dire Gréoux où les hautes ombrages, la maison fraîche où je suis, sont délicieux. (...)
Moi, j'en suis maintenant à 30' de bain par jour. je me sens merveilleusement bien. C'est tout à fait miraculeux. Tout de suite après le bain je me recouche très couvert! pour deux heures de repos absolu.(...) Je retourne voir le Dr mercredi pour qu'il marque l'horaire suivant. (...) pour l'instant il dit que je suis dans une forme parfaite. La tension dont je t'ai parlé est à son avis, quoique un peu élevée, tout à fait négligeable et d'ailleurs, dit-il passagère(...) Pour la première fois, je suis absolument seul. Les Cadière, qui sont des anges, montent une gare sévère autour de moi. Je passe des jours sans dire un mot. C'est un délice. tu auras cet hiver un mari tout neuf et les filles auront un papa plus jeune qu'elles !!"
Jean Giono -  j'ai ce que j'ai donné

Encore, toujours à l'été 1949 :

" C'est pourquoi je reste à 30' de bains par jour. Le Dr m'a dit qu'il attendait encore avant de me donner des remèdes hypotenseurs et que d'ailleurs, il a répété : cette tension n'est pas anormale eu égard au travail intellectuel que vous faites, à la place des remèdes j'aimerais mieux que vous fassiez une cure de silence (ne pas parler) et de solitude. C'est ce que je fais magnifiquement grâce à Monsieur et madame Cadière qui sont aux petits soins pour moi et me défendent comme des lions ..."
Jean Giono -  j'ai ce que j'ai donné


"La flotte des nuages..."
Ou encore dans Provence :

"Prenez donc le rageur le plus enragé et amenez le ici, par exemple un matin de Juin, à l'heure où le ciel hésite entre le bleu dur et le vert tendre, pendant que démarre des lointaines Alpes, la flotte des nuages s'essaie à des régates pleines de fantaisie, quand le duvet de la nuit brille encore sur les feuilles et sur les herbes.
S'il résiste aux vingt cinq premiers pas qu'il fait sous les tilleuls plein de fleurs, si le parfum qui gonfle ses poumons ne lui fait pas oublier toutes les odeurs qui jusque là excitaient ses glandes, si vous ne voyez pas son visage rajeunir à une vitesse stupéfiante, ses yeux redevenir naïfs et sa bouche s'arrondir comme celle des nourrissons, c'est qu'il n'y a plus d'espoir pour lui (...) Mais je ne crois pas qu'il puisse résister au vingt cinq premiers pas."
Jean Giono - Provence



La rue piétonne, nous sommes en Haute-Provence!


Le château vu depuis le village

Aussi ce que Jean Giono fait dire à un certain Mirabeau -Tonneau qui est à la tête des "Hussards de la mort" de la Brigade de Coblence : 

" Sur les conseils de Madame Pierrisnard, j'ai vu Gréoulx (...) 
Dès mon arrivée ici j'ai été payé de ma constance (...) rien n'est plus propre au bonheur, à la paix, à l'élan d'une sereine pensée. Imaginez moi, entrecoupant de sérieuses confrontations morales avec l'air de Choris si tant est que l'aurore... que je fredonne sans cesse et sans souci de chanter juste. Voilà l'état où m'ont mis et les ombrages et la fraîcheur..."
Voilà notre Tonneau loin des Hussards de la mort , il est à Gréoulx et il fredonne Lulli"
  
"Voici donc ce que disent des charmes de Gréoulx, les voyageurs authentiques!"
Jean Giono - Provence


"Les ombrages et la fraîcheur..."

Ou bien à un certain Président des Brosses (Un bourguignon de Dijon ) :

" Un soir l'étape se fait à Gréoulx par pur hasard :
"Vous vous imaginez que je suis en Italie, rien ne va plus vite qu'un fauteuil. Moi qui ne me déplace qu'en réalité, j'approche à peine des abords. Pour tout dire,   je suis en Provence. Plaignez-moi, c'est l'aridité même. Je mendierais le ciel, après quatre jours de soleil infernal, si je n'étais depuis deux jours qui ne devraient jamais finir, dans un village où l'on prend les eaux et qui s'appelle Gréoulx". Jean Giono - Provence


Au hasard d'une rue...

Le campanile de Gréoux

Ou bien à son "Bien-aimé" Stendhal :

"Ah! le cher homme, lui aussi parle de Gréoulx et en quels termes vous allez voir. Mais il n'y est pas venu (...) et que dit-il de Gréoulx?"


"J'ai, dit ce voyageur en chambre, passé la Durance, près d'une chapelle qui domine les galets de ce fleuve tapageur et gris (...) j'y suis arrivé à trois heures de l'après-midi rôti de soleil et couvert de poussière (...) Ici tout s'est apaisé, mauvaise humeur et démangeaisons. L'eau des bains est onctueuse comme de la crème de lait et je ne connais pas de bonheur plus grand que celui que j'ai eu ensuite : déambuler dans du linge frais sous l'ombrage d'immenses platanes. Il faut dire que la société ici porte sur son visage le ravissement et la paix. C'est contagieux." Jean Giono - Provence



Les frondaisons de majestueux platanes
dans les jardins des thermes

La médiathèque Lucien Jacques 



L'affiche de l'expo Serge Fiorio


La visite Guidée proposée par André  Lombard (photo Robert Callier)

(Photo Robert Callier)


C'est à l'occasion d'une première visite à Gréoux à l'été 2015 que nous nous sommes rendus à  l' exposition Serge Fiorio (2) organisée par André Lombard (3) et Jacky Michel (4) à la médiathèque "Lucien Jacques" (5).
Cet hommage au peintre, cousin de Jean Giono nous a ravis. Nous avons pu y admirer quelques belles oeuvres réunies pour cet évènement. Et surtout, en raison de la grande amitié qui le liait à l'artiste, André a su nous faire découvrir l'homme qu'il était.


Serge Fiorio dans son oeuvre (photo André Lombard)

Les précieux outils du peintre ... (Photo Robert Callier )


Quelques oeuvres de Serge Fiorio




Le "Vieux moulin" de Lucien Jacques


Lucien Jacques (source association des amis de Lucien Jacques)

A Gréoux, il nous faut aussi parler de Lucien Jacques, ici c'est le siège de l'association des amis de Lucien et nous avons eu la chance d'y rencontrer son président Monsieur Jacky Michel. C'est au 10 rue Fontaine vieille que nous avons découvert tous ces trésors précieusement conservés, une grande richesse,  de merveilleux tableaux et plein de documents, toute l'oeuvre de cet artiste "multi-cultures" et "touche-à-tout". Il a résidé à Gréoux les 6 dernières années de sa vie, de 1955 à 1961 et sa maison le "Vieux moulin", en ruine lui aussi se trouve en centre ville tout près des thermes. Pendant notre séjour une belle exposition se tenait à la médiathèque, intitulée "Lucien Jacques et l'Egypte".( à venir, un article sur l'amitié Lucien Jacques - Jean Giono)


Le Moulin de Lucien 


"Antoine Cadière, le propriétaire des thermes, mettant le "Vieux moulin" à sa disposition, Lucien Jacques garde sa maison de Montjustin mais part s'installer à Gréoux-les-bains (...) Il retrouve avec émotion dans l'atelier du cordonnier Yvon Michel les odeurs et visions de son enfance n'ayant pas eu de vie de famille, il trouvera chez les Michel chaleur et réconfort."
Jacky Michel - site web de l'association : http://amislucienjacques.fr/






Les bords du Verdon


Pour terminer cette jolie balade culturelle, je vous parlerai moi aussi  de la douceur et du charme de vivre à Gréoux et surtout des délicieuses promenades au bord du Verdon... Et quand je dis "délicieuses promenades" je pèse mes mots, c'est un enchantement au plus chaud de la journée que se réfugier sur les berges de la rivière Verdon, la fraîcheur des ombrages, une multitude de canards et autres oiseaux, petits habitants discrets, des bancs propices à la lecture, au repos et à la méditation, le bruit de l'eau dans les roseaux, tout ici respire la tranquillité et l'apaisement.




(1) Entretiens Jean Giono- Jean et Thaos Amrouche -Éditions Gallimard

(2) Serge Fiorio : peintre, cousin de Jean Giono 

(3) André Lombard
Auteur de Pour Saluer Fiorio et Habemus Fiorio aux éditions La Carde Editeurs
et du blog http://sergefiorio.canalblog.com/

(4) Jacky Michel :
 Président de l'association des amis de Lucien Jacques  http://amislucienjacques.fr/


(5) Lucien Jacques : Poète, peintre, sculpteur,  et grand ami de Jean Giono - je consacrerai prochainement un article sur l'amitié Lucien Jacques-Jean Giono