J'aurais aimé...

J’aurais aimé Manosque et la Provence comme berceau de mon enfance !
J’aurais aimé séjourner au Paraïs !
J’aurais aimé avoir 20 ans au Contadour pour vivre la grande aventure ! Lire la suite...
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mardi 28 février 2017

On est toujours curieux ...




"En réalité il s'agit d'une grande passion..."





Bustes de Jean Giono dans les jardin du Paraïs
et à Céreste lors d'une exposition 


" On est toujours curieux d'un artiste. On a beau être intéressé par ce qu'il fait, et même par dessus tout, vient un moment où on se demande comment il est. (...) C'est une curiosité naturelle et qui satisfait ce qui semble être une petite passion. En réalité il s'agit d'une grande passion. (...) c'est vouloir à toute force avoir confiance en l'homme. je trouve cette naïveté fort respectable."
Jean Giono - Présentation de la revue Parenthèses 1955 (dans Giono de Pierre Citron)


De beaux portraits, oeuvres de Serge Fiorio, Eugène Martel
 et Lucien Jacques entre autres

Quelques croquis (Bernard Buffet, Edith Berger, Lucien Jacques, entre autres)



Au détour de mes nombreuses balades Haute-Provençales j'ai trouvé, souvent par le plus grand des hasards quelques signes qui m'ont transportée immédiatement au "pays bleu" auprès de l'homme qui a su si bien le raconter... des rues, des chemins, des allées, des avenues, des impasses, des andrones, des résidences, des collèges, des espaces rendant hommage à l'auteur et me rapprochant un peu plus des oeuvres et des personnages qui les habitent. 
Ce sont des lieux qui sentent bon la Provence et qui invariablement font référence à  Jean Giono.

Commençons notre promenade...  Forcalquier, Pernes-les-Fontaines, Manosque , Chateaurenard, Plan de Cuques, Saint Julien-en-Beauchêne et même jusqu'à Bordeaux... 













Et à Gréoux ....

Comme pour mieux les apprécier ...



En montant au Paraïs ...

"C'est la maison d'une présence, et non d'une absence, maison de souvenirs réels, rêvés, créés."
Sylvie Durbet-Giono - Dans "le Paraïs, Maison de Jean Giono"


C'est ainsi, ce sont les grands espaces du Contadour, de Lure ou de Ganagobie propices à la rêverie gionienne...

"On voit s'éloigner à l'infini une terre bleue sur laquelle se couchent des fumées"
Jean Giono - Provence





Tous ces lieux dont  rien que l'énoncé parle doucement à mon oreille :

Lure, la montagne sacrée et le "Pas de la Graille", les jas de pierre sèche, Redortiers le petit village du plateau, la tumultueuse Durance domptée à Serre Ponçon. Lurs et la sombre et énigmatique "Affaire Dominici", Les Omergues ce village niché au pied du versant nord de Lure dans la vallée du Jabron où Angelo, notre Hussard a découvert les premiers ravages du choléra. 
Elzéard Bouffier, l'illustre héros de "L'homme qui plantait les arbres", le plateau du Contadour qui reste pour moi le lieu mythique par excellence ... Quand au détour d'un sentier on imagine apercevoir Jules ou Fine sortant de leur bergerie nichée au creux du vallon ; sans oublier le vieux cimetière du village immergé d'Ubaye posé au bord du lac de Serre-Ponçon par la volonté d'une poignée d'habitants expropriés respectueux de leurs morts.



Le Hussard sur le toit :

"Le cheval marchait gaiement. Angelo arriva au pas de Redortiers vers les neuf heures. De là, il pouvait plonger ses regards dans la vallée où il allait descendre. De ce côté, la montagne tombait en pentes raides. (...) Il était presque juste au-dessus, à quelque cinq à six cent mètres de haut de ce hameau que le garçon d'écurie avait appelé Les Omergues. Chose curieuse : les toits des maisons étaient couverts d'oiseaux..." Jean Giono - Le Hussard sur le toit

L'homme qui plantait des arbres :

"Il s'appelait Elzéard Bouffier. (...) Il avait jugé que ce pays mourait par manque d'arbres. Il ajouta que n'ayant pas d'occupations très importantes, il avait résolu de remédier à cet état de choses."
Jean Giono - L'Homme qui plantait des arbres

L'affaire Dominici :

" Il faut connaître ces silences de Haute-Provence. De vastes espaces entiers se taisent ; cent kilomètres carrés de découvert où rien ne bouge, les villages sont portés dans le ciel bleu par des rochers d'un gris aristocratique, c'est tout."
Jean Giono - Notes sur l'affaire Dominici

L'Eau vive

"Un grand cimetière tout seul comme ça au bord de l'eau Joséphine, ça ne fera pas un bon effet non plus. Ça me rappelle quand j'étais dans la marine. Aux environs de Brest, il y avait un grand cimetière comme le tien pour les péris en mer. Ici, ce sera pour les tombés dans le lac."
Jean Giono - Hortense ou l'eau vive





Dans le village de Limans, sur la route de Banon :






" On apprend à donner de l'importance aux petites joies et surtout à les additionner les unes aux autres."
Jean Giono - Provence




mercredi 18 janvier 2017

Jean Giono... au gré des saisons, des paysages et des éléments ...




Au gré du temps qui passe....

" Voici une succession de printemps, d'été, d'automne et d'hiver. Ainsi, pour les récits qu'il m'intéresse d'écrire, je ne vois pas d'armature plus solide que cette invisible route enroulée dans les cieux et sur laquelle, implacablement entraînés, nous devons subir le froid, le chaud, le parfum des narcisses et le chant de la grive."Jean Giono - Avant propos à "Que ma joie demeure" la pléiade (page 1348)



Montagne 


Les sommets vus du bord du plateau du Contadour 

"A Manosque, je vais toujours me promener vers l'est pour, au tournant des collines, voir apparaître (...) le vaste bol d'opaline blanc où sont entassés les énormes morceaux de sucre des Alpes."
Jean Giono - Journal

Vallée


La vallée de l'Asse à hauteur de Manosque 

"Il y a par exemple de petites vallées comme la vallée de l'Asse ('est un affluent de la rive gauche de la Durance) et qui apporte les eaux drainées dans les hauts massifs des environs de Castellane. Large ouverte d'abord, elle porte dans ses bras d'admirables vergers d'amandiers. (...) Dès qu'on le prend par la douceur, ce pays ne résiste pas. Il suffit de faire cent mètres en dehors de la route. On tombe sur des Tahiti de gens éblouis qui se demandent comment vous avez fait pour les trouver et que vous surprenez entrain de jouir de la vie." 
Jean Giono - Provence



BROUILLARD



Brouillard d'hiver en Haute-Savoie



"Cette farine qui passait contre le visage et engloutissait le corps, le corps des arbres, le corps de la montagne et qui couvrait le jour n'avait ni corps, ni forme, ni poids, ni force, ni couleur. Pas moyen de sentir son existence. (...) On avait l'impression qu'on n'était plus rien non plus, qu'on allait comme ça marcher à l'aveuglette pendant des siècles. (...) dans rien et devenir soi-même rien..."
Jean Giono - Batailles dans la montagne




Vent 



Grand vent à Lurs (04)




Ça, c'était une musique de vent, ah, mais une musique toute bien savante dans les belles choses de la terre et des arbres. Ça sentait le champs de maïs ténébreux : de longues tiges et de larges feuilles.
Ça sentait la résine et le champignon et l'odeur de la mousse épaisse. Ça sentait la pomme qui sèche. (...) Oui, c'était rudement beau."
Jean Giono - Un de Baumugnes



"...J'ai décrit les printemps, les étés, les automnes, les hivers, puis encore les saisons, et encore les saisons, et toujours, comme elles reviennent elles-mêmes en vérité dans le monde, ne cessant pas de répéter : "Prends, prends, prends, c'est à toi".

Jean Giono - Les vraies richesses



Automne



Plaine de la Durance en Automne (source internet)


"Ce fut d'abord une tache jaune derrière un bosquet de la plaine. Je la pris pour une plaque de soleil, plus loin sur le bord du torrent, il y avait aussi deux taches jaunes, puis sur les collines quelques autres toutes semblables. Cela ressemblait aux traces de pas d'un géant. L'air brillait. La chaleur silencieuse voletait dans le ciel pur. Notre vallée était pliée dans la robe des dieux."
Jean Giono - Naissance de l'automne



Ombre


L'ombre des nuages en Drôme provençale
au dessus de Nyons (col de Lescou) 



"Il faisait un beau soleil, et puis des ombres de nuages marchaient par les champs comme un troupeau de grosses bêtes, à ces moments, les ombres marchaient sur la route. Alors elle était toute sombre (...) Et puis le soleil revenait, parce que l'ombre ça va vite et puis qu'elle se moquait de tout, et qu'elle filait droit devant elle sur les collines...
Jean Giono - Qe ma joie demeure




Orage



Embrun (O5) après l'orage 



"Le tonnerre ne cesse pas, de tout le jour de sauter de côté et d'autre comme un chien dans un jeu de quilles. Sur le soir, pendant qu'il continue, le ciel s'ouvre d'un seul coup de haut en bas. Apparaît un large espace bleu. Des arcs en ciel jaillissent de terre."
Jean Giono - Que ma joie demeure


Neige



Journée d'hiver en Haute-Savoie

"Le ciel est aussi blanc que la terre. Il y a une telle épaisseur de neige sur tout que tout a disparu. A peine si une ligne noire comme un fil de tabac dessine le contour des arbres. On a frotté la gomme sur tout : la page est redevenue presque blanche (...) Le silence et le blanc font un tel vide qu'on a envie de mettre du rouge et des cris dans ça avec n'importe quoi." 
Jean Giono - Les grands chemins



Printemps



Amandiers en fleurs ( photo Mare Greet Beun -avec autorisation
du Plein des sens dans les Alpes de Haute-Provence)

"Cet après-midi où ça s'est bien trouvé pour faire les travaux de fin d'hiver, tout le monde était aux champs, même les enfants parce que c'est jeudi. Même moi parce que ça faisait tant de rires et tant de chansons que je me suis dit : " C'est le printemps, les amandiers doivent être fleuris". Ils n'étaient pas fleuris mais, dans l'épaisseur de tout le plateau planté d'amandiers nus il y avait à la cime des branches comme une mousse bleue et rousse, ce qui est le gonflement de la sève."
Jean Giono - Joffroi de la Maussan (Solitude de la pitié)



Été



Un été de canicule à Saint Julien le Montagnier

" La terre ouvre à perte de vue deux vastes ailes de soufre. Il n'y a plus de couleurs. Il n'y a plus d'étendue ; plus rien ne la creuse, la marquant de subtiles différences. Le ciel et la terre sont devenus comme de la cendre. La montagne malgré sa présence n'existe plus. L'énormité du silence sonne comme une cloche sombre."
Jean Giono - Batailles dans la montagne



Hiver



Photo extraite du film "un roi sans divertissement"
l'arrivée du capitaine Langlois

"D'ailleurs tout de suite après, il se met à tomber de la neige. A midi tout est couvert, tout est effacé, il n'y a plus de monde, plus de bruit, plus rien. (...) Dehors il n'y a plus ni terre, ni ciel, ni village, ni montagne ; il n'y a plus que les amas croulants de cette épaisse poussière glacée d'un monde qui a du éclater."
Jean Giono - Un roi sans divertissement



Soleil



Septembre 2016 dans les Hautes Alpes

" La force du soleil. Se mettre là en face du soleil. Là le soir quand il n'est pas trop chaud. et puis en manger, en manger, tant qu'on peut, vite, vite, bien se remplir de soleil. Alors la force, on ne l'a pas dans les bras. On l'a dans la tête et on sait comment se fait la vie."
Jean Giono - Joselet - Solitude de la pitié




Chaleur



Angelo sur les toits de Manosque
(photo extraite du film "Le Hussard sur le toit) 


"La chaleur pétillait sur les tuiles. Le soleil n'avait plus de corps ; il était frotté comme une craie aveuglante sur tout le ciel ; les collines étaient tellement blanches qu'il n'y avait plus d'horizon."
Jean Giono - Le hussard sur le toit 




Pluie 




Fin d'après-midi orageuse près du lac de Serre-Ponçon (05)


"Je dépasse à peine le premier rebord de terre que ça me fait comme un grand froid sur l'échine.
Je lève l'oeil, il y avait dans le ciel cinq gros nuages lancés à fond de train et c'était l'avant garde. (...) Mais ce qui venait derrière : la fin de tout, une confiture d'encre, sans forme ni rien, avec des tressautements de tonnerre et un grand rire d'éclair. (...) Je cavale en vitesse sur la pente et, tout à coup, j'entends la grande averse qui court après moi."
Jean Giono - Un de Baumugnes





"le soleil n'est jamais aussi beau qu'un jour où l'on se met en route ..."
Jean Giono - Les vraies richesses











jeudi 31 octobre 2013

Hortense, où l'Eau Vive...


"Une magnifique fresque provençale"


En 1956, Jean Giono écrit en collaboration avec Alain Allioux, le scénario et les dialogues du film de François Villiers "L'Eau Vive" qui sera présenté au Festival de Cannes en 1957.
Cette histoire retrace la vie d'une famille sur plusieurs générations, dans les montagnes de l'Ubaye.
Vers 1880, Martin Fabre s'établit dans cette contrée sinistre et s'enrichit dans le commerce du bois. Ce pays sévère change cependant lorsque la Durance est en voie d'être domestiquée par le Barrage de Serre-Ponçon.
Félix, le fils de Martin a su acheter des terrains destinés à être engloutis et les revendre avec un énorme bénéfice, il a une fille, Hortense, il cache son magot, se méfiant de sa famille et bien décidé a en faire profiter sa fille, mais il meurt.
Hortense raconte à son oncle Simon, comment, après la mort de son père, séquestrée par sa famille dans la cave de la maison paternelle d'Ubaye, promise à la noyade lors de la montée des eaux du lac, elle s'est échappée et a retrouvé l'argent caché par son père dans un poste de télévision!



Film tourné en 5 ans, "L'Eau Vive", c'est à dire la Durance, est entrain de bouleverser quelques millions de vies humaines. La disparition du village de Savines, qui sera reconstruit plus loin et du village d'Ubaye  dont les habitants , très pauvres se trouvent miraculeusement enrichis par les sommes versées pour les exproprier.
Alors Jean Giono, sans prendre la peine de changer le nom des villages, sans compter même sur le recul du temps, brosse une magnifique fresque provençale.

C'est un film tourné en décors naturels, sur les lieux mêmes de l'action, à la saison exacte, d'une authenticité scrupuleuse, une senteur particulière, celle-là même de la chaude terre provençale.
G.M. Tremois - Radio Ciné






Joséphine 
"Il va falloir que nous déménagions tous à Savines, moi comme les autres. Tu sais bien que Savines va être noyée."
Simon 
"On en a parlé. De là à ce que ça se passe."
Joséphine 
"Ça se fait. La preuve, c'est qu'on a commencé à nous payer pour qu'on s'en aille. Je connais cinq familles qui sont déjà parties. Tu regardera demain matin en passant dans la grande rue. Les volets sont clos. On dirait des maisons de morts. Quand la moitié seulement des maisons de Savines auront fermé leurs volets comme celles-là, on se croira revenus au temps du choléra."
Simon 
"Et l'usine, Joséphine?"
Joséphine 
"L'usine comme le reste, avec sa grande cheminée et toutes ses machines, la gare avec son horloge et sa sonnette. L'église avec ses cloches, l'école avec ses bancs, la mairie avec sa Marianne, le cimetière avec ses croix."
Simon 
"Tu exagère, Joséphine. Avant que l'eau n'arrive, on vous donnera le temps de déménager vos cloches et votre Marianne."
Joséphine 
"Savoir quand l'eau viendra?"
Simon 
"Il y a des ingénieurs qui sont payés pour le savoir ma belle!"


Savines, avant la démolition (source internet - site de la mairie de Savines)



Jean Giono, au premier plan, de dos
 sur le tournage de l'Eau Vive (source internet INA.fr)
Hortense 
"Regarde, Oncle, tous ces camions. Ils ont des roues comme des meules de blé. Ils vont nous écraser nos moutons. Ils vont nous les tuer l'Oncle."
Simon 
"On ne tue pas les moutons, Grenouille, on les mange."
Hortense  
"J'ai peur, l'Oncle."
Simon 
"Peur, mais de quoi, Grenouille?"
Hortense 
"De tout. Des roues, des hommes avec leurs casques, des camions qui sortent de la montagne, des tunnels avec leur nuit au fond, des montagnes toutes nues qu'ils sont entrain de gratter. Tout tremble. C'est du bruit. C'est la guerre, l'Oncle."


Hortense (Pascale Audret) et Simon (Charles Blavette)
 sur un Euclid  (1) (source Radio ciné)

Hortense  était prisonnière dans la cave de sa maison d'Ubaye au moment de la montée des eaux. Sauvée in-extremis , elle a retrouvé l'argent caché par son père dans le poste de télévision. Alors une nouvelle vie va pouvoir commencer...

Simon 
"Qu'est-ce que tu avais dans la tête?"
Hortense 
"On aurait un troupeau. On achèterait une bergerie."
Simon 
"Bergerie, bergerie. Ce serait vite fait, mais ici dans la Crau, dans un pays que tu ne connais pas. Il y en a à vendre. Je pense à une : si tu as deux millions , elle est à toi."
Hortense 
"J'en ai trente!"
Simon 
"Il faudra évidemment un peu la requinquer, comme toi, et, tu verras, elle sera belle comme toi. Cette Crau, avec son peu d'herbe et son trop de pierres, il a suffi jusqu'à présent qu'on l'aime et elle a vécu. Elle a survécu à sa misère."
Hortense 
"Nous monterons à la montagne tous les ans."
Simon 
"Nous monterons à la montagne si tu veux revoir le pays ou tu es née. Parce que l'herbe que nous allions chercher là-haut, on dit que la Durance va nous l'apporter ici, à domicile..." 



Hortense et son oncle Simon - Photo extraite du film (source internet)

"Elle va mettre du limon sur ces terres désertes. Les arbres vont pousser, les vergers vont s'aligner. Cette terre va devenir un pays aimable. Tu l'aimeras comme ton père a aimé l'ancien pays qui est maintenant sous les eaux..." Jean Giono - l'eau vive





La vallée de la Durance en aval du barrage, à hauteur de Rémollon
"Les arbres ont poussé, les vergers se sont alignés. Cette terre est devenue un pays aimable..."



(1) "Les Euclid" - Ballet incessant d'énormes semi-remorques importés des États Unis, marteaux piqueurs, pelles mécaniques et bulldozers.
Le gigantisme de ce chantier est comparable à une fourmilière humaine, le chantier emploiera 2000 à 3000 ouvriers de jour comme de nuit.
(2) Film dont les dialogues sont de Jean Giono est sorti en DVD en avril 2013 - François Villiers - réalisateur, avec Pascale Audret dans le rôle d'Hortense et Charles Blavette dans le rôle de l'oncle Simon et bien sûr dans le rôle principal le chantier titanesque de Serre-Ponçon!

dimanche 27 octobre 2013

Serre Ponçon, La Durance et l'Ubaye maîtrisées, des villages sacrifiés...


Des villages engloutis...


A la construction du barrage, plusieurs villages situés dans la vallée de la Durance et de l'Ubaye sont amenés à disparaître, toutes les constructions situées à une altitude inférieure à 780 m seront détruites, c'est le triste sort de Savines, Ubaye, Ile du Rousset et autres hameaux.
Savines sera reconstruit, Ubaye disparaitra...


"On commença à parler d'une entreprise qui devait transformer toute la vallée de la Durance jusqu'à Savines et celle de l'Ubaye jusqu'à Ubaye. C'était là, une idée folle. Il s'agissait d'établir un barrage sur la Durance à l'endroit appelé Serre-Ponçon, où deux contreforts de montagnes resserrent la vallée. Ce barrage ferait s'établir un lac par la retenue d'eau de la Durance et de l'Ubaye.
Le projet prévoyait que les villages d'Ubaye et de Savines seraient engloutis par les eaux. C'était, parait-il, pour faire de l'électricité.(...) Il eut bientôt la certitude que le projet allait être mis en chantier, il attendait la confirmation d'une autre série de conversations aussi innocentes que les premières. Enfin il fut tout à fait renseigné.
Rien n'avait changé encore, ni à Ubaye, ni à Savines, ni à Serre-Ponçon. C'était toujours des lieux sauvages et paisibles."
Jean Giono - L'Eau Vive

Savines avant la démolition

Sur le côté, les premières maisons de Savines s'offrent à notre regard. La plupart sont déjà démolies. Au pied du nouveau pont, une statue de bronze qui sera elle aussi immergée représente la République. A son bras les habitants ont accroché un drapeau tricolore.
F. Baussan - Le Méridional





Le 3 Mai 1961, le nouveau pont de Savines
et le dynamitage de l'ancienne église (paris-Match)


L'abbé Ferraro fit la une des journaux, après avoir vu son église disparaître il récupèrera la croix du clocher dans les décombres.
Source Paris-Match



La chapelle Saint Michel, située non loin de Savines, devait elle aussi, disparaître, mais à la dernière minute on décide de la conserver , puisqu'elle est au dessus de la côte maximale du lac. Elle est désormais installée sur une île.
D'après source Muséoscope du Lac


La Chapelle Saint Michel,au début de la mise en eau du barrage
Et après ...
Peuplé d'environ 180 habitants, Ubaye est à mi-chemin entre Gap et Barcelonnette. Contrairement à Savines, Ubaye n'a pas été reconstruit, il a disparu sous les eaux, le film l'Eau Vive écrit par Giono raconte cette histoire inspirée de la création du barrage.

Démolition de l'église d'Ubaye par un bulldozer
"Ils vont raser nos maisons. Ils n'en veulent pas au fond de leur lac. Ils disent qu'on les verrait et que ça ferait mauvais effet. Tu sais jusqu'où il va leur lac ? Jusqu'à la porte du cimetière !!"
Jean Giono - L'Eau Vive


Les habitants ne voulant pas que leur cimetière disparaisse sous les eaux, décident de le déplacer et le remonte pierre par pierre, il se trouve sur la route entre Barcelonnette et le Sauze-du-lac.



Le cimetière d'Ubaye déplacé sur les rives du lac. 


Stèle à la mémoire du village
Joséphine 
"Et toi, Hortense, à Ubaye? Ça va être noyé aussi à Ubaye? Qu'est-ce qu'il en dit ton père?"
Hortense 
"Il dit comme vous, tante, que ça va être noyé".
Jean Giono - L'Eau Vive




Serre-Ponçon avant la mise en eau
La mise en eau du  barrage s'est effectuée en 18 mois. Elle a débuté en Novembre 1959. Le lac a atteint sa côte maximale de 780 mètres le 18 Juin 1961.
Source Muséoscope du lac

dimanche 20 octobre 2013

La grande épopée du barrage de Serre Ponçon...


"La Durance, elle, s'est arrêtée à Serre Ponçon,  contrainte,  forcée par l'homme et désormais prisonnière d'un barrage d'une capacité de 1270 millions de mètres cubes".


Le barrage de Serre Ponçon

 L'idée d'un barrage sur la Durance remonte à l'année 1856. C'est en 1912 qu'Ivan Wilhelm, ingénieur des ponts et chaussées d'origine russe, publie un ouvrage ou il montre la nécessité de réguler le cours de la rivière. Il ne verra jamais la réalisation puisqu'il meurt en 1951 et les travaux débutent en 1955 et vont durer 54 mois jusqu'en 1961. Le barrage est fait d'une digue de terre compactée, de 650m d'épaisseur à la base avec un noyau central d'argile, le premier exemple de ce type en France.Source Muséoscope du lac -Espinasses (1)

Il disait en 1909 :
" Nous pourrons, dans une dizaine d'années, contempler un des plus grands barrages du monde et admirer le lac artificiel qui constituera une attraction peu ordinaire, dans un site sauvage et grandiose. Nombreux seront les touristes qui viendront parcourir les rives ou naviguer sur les eaux bleues dans lesquelles se mirent les hautes cimes du Morgon et du Colbas"
Ivan Wilhelm - La Durance 1909

Croisière sur le lac 
Entre ciel et terre, le belvédère du Sauze-du-lac
En perspective, la grande digue, le bassin et le canal EDF

" Les eaux du Lac de Serre Ponçon recouvrent désormais le confluent de la Durance et de l'Ubaye, rivière montagnarde dont les flots se noient discrètement dans le grand réservoir".
C. Gouron - H. Vesian - Serre Ponçon, Voyage photographique



La branche Ubaye du lac vue du belvédère de Saint Vincent-les-Forts 


L'Ubaye à Barcelonnette

Et puis, il y a Embrun, la majestueuse, bien établie sur son Roc, protégée par ses montagnes  et dominant la Durance, c'est une jolie cité discrète et secrète à l'âme déjà provençale, toute ensoleillée, fontaines, placettes, façades colorées, ruelles ombragées, terrasses avenantes, tout y est ! Elle dispose grâce au lac d'une grande base de loisirs et d'un plan d'eau très prisés des touristes. Il y fait bon vivre.


Embrun posée sur son rocher


"Ce fut d'abord, la ville elle-même, allongée sur son roc en forme de navire, déroulant de la proue à la poupe la théorie de ses maisons blanches ou grises, trouant l'azur d'un mat de pierre qui est la flèche de sa cathédrale, au repos dans un espèce de golfe immense tout hérissé de vagues qui dorment."
Clovis Hugues - Le temps des cerises 1948


La place de la mairie d'Embrun
Un jour de marché