J'aurais aimé...

J’aurais aimé Manosque et la Provence comme berceau de mon enfance !
J’aurais aimé séjourner au Paraïs !
J’aurais aimé avoir 20 ans au Contadour pour vivre la grande aventure ! Lire la suite...
Affichage des articles dont le libellé est prison. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est prison. Afficher tous les articles

lundi 29 avril 2013

" Un camp de concentration qui se trouve dans la montagne"


Saint-Vincent-les-forts

Ce village des Alpes de Haute-Provence est dominé par une forteresse Vauban et surplombe le lac de Serre-Ponçon


"A la libération, Jean Giono est accusé injustement de collaboration et  le 27 Septembre 1944 il est emprisonné à Digne, puis transféré à sa demande à Saint-Vincent-les-Forts dans une ancienne caserne qui sert à l'époque de prison. Il y restera jusqu'au 31 Janvier 1945".

"Pour sa vie d'homme dans l'histoire, il a pris le parti d'une sorte de neutralité. Du moment qu'il est impossible d'empêcher les hommes de se battre, il décide de retirer son épingle du jeu. (...) Méconnaissance des réalités de la zone occupée, difficultés financières, naïveté et imprudence de language aidant, cette position aura pour résultats, un reportage photographique dans la revue allemande "Signal"(1),et entre autres, la publication en feuilleton du roman "Deux cavaliers de l'orage" dans le journal "La Gerbe"(2).
Dans le même temps, il procure pendant toute le guerre aide et refuge dans sa propre maison à diverses victimes du nazisme et de l'occupation.
(...) Sa détention hors de Manosque sera due semble-t-il, tout autant aux accusations de collaboration portées contre lui qu'au souci qu'ont certains de le mettre à l'abri des vindictes locales".
D'après Giono, Un divertissement de roi d'Henri Godard


Le village de Saint Vincent aujourd'hui


"Fatigué d'être dans cette prison de Digne ou l'on ne peut se promener que dans de petites cours, je dis précisément à un des chefs de la résistance :
- Fais-moi envoyer à ton "camp de concentration" qui se trouve dans la montagne, à Saint-Vincent-les-Forts. J'y serai plus à mon aise, on y est en pleine nature, il y a des forêts".

Et il m'y envoie ! Et là, continue encore la prison comme celle dont je vous ai parlé, la prison militaire, à cette différence c'est que ce n'est plus une cellule, je suis avec des quantités de gens (...) du département que je connaissais presque tous et avec lesquels nous commençons à avoir une petite vie régulière.

(...) L'hiver s'approchait, nous étions à presque deux mille mètres d'altitude, il commençait à faire froid et nous avions organisé nous-mêmes des corvées pour aller chercher du bois.
(...) On partait tous les jours dans la forêt (...) on rentrait le bois, on le sciait, c'était extrêmement joyeux".
Jean Giono, Entretiens avec Jean Amrouche et Taos Amrouche


Plaque fixée sur le mur de la mairie de Saint Vincent

11 Novembre 1944

"A première vue, il semblerait qu'en prison on peut faire tout ce que l'on veut. J'avais décidé d'écrire ici chaque jour. On est en principe libre de son temps du matin au soir. En fait, dans ces prisons collectives, on est prisonnier de ses camarades. On assiège littéralement ma paillasse. Je n'ai ni le temps d'écrire ni la paix pour le faire". 
Jean Giono, Journal (publié en 1995 - bulletin n° 44 de l'Association des Amis de Jean Giono)


16 Novembre 1944

"De guerre las, dégoûté de combats et de débats, je ne lutte plus. Je ne regarde plus ni vers le passé, ni vers le futur. J'accepte le présent, la prison la non-vie ; il va y avoir peut-être encore deux ou trois petits sursauts de poissons tirés du filet, puis la belle immobilité, la rigidité dans ses propres écailles pétrifiées".
Jean Giono, Journal (publié en 1995 - bulletin n° 44 de l'Association des Amis de Jean Giono)


27 Décembre 1944

" Ce soir, j'ai fait une petite conférence sur la constitution de l'univers. Chambre enchantée. On me réclame une autre causerie pour demain. Je propose de la faire sur la vie de Cerventès et le Don Quichotte. J'essaie de me trouver de petits moyens à la Fabrice Del Dongo. Pauvres moyens. Je ne dispose pas de la hauteur de la chaire et de l'ornement ecclésiastique ni de l'auditoire qui remplit l'église. J'en suis réduit à l'imaginer caché dans un coin et m'écoutant".
Jean Giono, Journal (publié en 1995 - bulletin n° 44 de l'Association des Amis de Jean Giono)



La porte d'entrée du fort de Saint Vincent



Depuis le fort la vue magnifique sur le lac de Serre-Ponçon

(1) Revue "Signal" : Revue allemande qui pendant la seconde guerre mondiale servait de propagande

(2) Journal "la Gerbe" : Journal collaborationniste français crée en 1940 

dimanche 28 avril 2013

Entre les murs du fort Saint Nicolas

MARSEILLE, le fort Saint Nicolas



Le fort Saint Nicolas aujourd'hui
Le Fort Saint Nicolas, appelé "la Citadelle" par les marseillais, est un fort surplombant le port de Marseille. Il a été édifié de 1660 à 1664 par le Chevalier de Clerville sur ordre de Louis XIV afin de mater l'esprit d'indépendance de la ville de Marseille. Le fort sera une prison jusqu'à la fin de la dernière guerre.

Jean Giono, qui avait été arrêté à Digne le 16 Septembre 1939 à cause de ses publications pacifiques antérieures et de la diffusion d'un tract (Paix immédiate) portant son nom et des extraits de ses livres,  fut incarcéré au fort. Il est libéré à la mi-Novembre après la prononciation d'un non-lieu, l'ensemble des chefs d'accusation étant minces et portant plutôt sur l'ensemble de ses activités pacifistes depuis "Refus d'Obéissance", il est démobilisé le 18/11 et libéré de toute obligation militaire.
Source internet




"Haut sur l'horizon et murant entièrement tout le fond de la Canebière, le magnifique corps en forme de couronne du fort Saint Nicolas ; le grand mur du fort qui me fait face, se termine vers la gauche par une belle arête de proue. C'est exactement dans cette proue que j'avais ma cellule en 1939".
Jean Giono, Noé
" C'était une cellule pour un seul prisonnier dans laquelle nous étions deux. On était obligé de doubler les cellules parce qu'il y avait beaucoup trop de prisonniers. Je lui racontais des histoires sur les étoiles. Il y avait au sommet de notre porte cet endroit grillagé par lequel le prisonnier reçoit l'air. Cet endroit grillagé donnait en plein ciel parce que c'était une cellule qui se trouvait au sommet du fort Saint Nicolas à Marseille. Dans cette cellule, le soir quand la nuit tombait, que nous étions couchés, arrivait au bout d'un certain moment une toute petite étoile. A partir de cette toute petite étoile, je pouvais me permettre de raconter à Joseph de petites histoires".
Jean Giono, Entretiens avec Jean Amrouche et Taos Amrouche




"J'y avais, au long des solitudes du quartier des droits communs, savouré les étranges voluptés des échos, de l'ombre, du froid et des voyages dans l'entrecroisement vertigineux d'échelles de Jacob qu'une âme sensible ne manque pas d'échafauder dans le vide des bâtiments à vastes carcasses. Il en était né, non pas un personnage mais un curieux volume informe de sentiments divers, quelquefois contradictoires, à quoi la contradiction même, donnait l'unité et la vie".

(...) "Ce qu'on pouvait simplement en dire, et je me l'étais dit, couché, les yeux ouverts sur ma couchette étroite, c'est que c'était bien un personnage à faire arriver en face d'un poète au détour d'un chemin".
Jean Giono, Noé