J'aurais aimé...

J’aurais aimé Manosque et la Provence comme berceau de mon enfance !
J’aurais aimé séjourner au Paraïs !
J’aurais aimé avoir 20 ans au Contadour pour vivre la grande aventure ! Lire la suite...
Affichage des articles dont le libellé est Angelo. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Angelo. Afficher tous les articles

dimanche 25 février 2018

Au fil des rues de Marseille, selon Jean Giono... Jour 1



Voyage à Marseille... Jour 1



Pour Nicolas, dont l'amour pour Marseille n'est plus à prouver...
   Pour  Alain, dont l'aide m'a été précieuse... 
 Ils se reconnaîtront...


"la ville est ample et généreuse (dans ses formes et sa lumière), elle a la beauté nacrée et le bourdonnement des coquillages vides." 

Jean Giono - Provence




 (photo Nicolas Reymes)







Je savais en partant à Marseille exactement ce que je cherchais... Mais allais-je trouver mon bonheur ? Dans cette ville en perpétuelle mutation où comme ailleurs sans doute, l'on n'a pas toujours pris soin de préserver le bâti ? N'allais-je pas être déçue, irritée, désemparée de ne trouver traces de tous ces lieux précisément décrits par l'auteur dans Noé entre autres. Et puis il y avait cette petite note lue avant le départ sur les plans de Marseille et ses environs (page 1509 - La Pléiade tome III ) qui trottait dans ma tête et qui disait : 
"... Les indications que nous n'avons pu repérer dans aucun guide ou plan, soit que nous n'ayons pas su les y trouver, soit que Giono, comme on en a la preuve pour certaines, les ait purement et simplement inventées". Ceci étant dit je gardais bon espoir et je suis tout de même récompensée avec la découverte de la "Campagne Flotte", le domicile de Gaston Pelous (1) rue Yves Lariven, et autres lieux reconnaissables.


"Je pris la micheline de sept heures du matin.
Je ne suis pas obligé de passer dans la ville pour aller à la gare. Je descends de la colline où ma maison est bâtie, (...) cette descente de la colline est déjà un très beau petit voyage. "
Jean Giono - Noé


Gare de Manosque



"Quand je suis dans le train, c'est un peu de Manosque que j'emporte avec moi. On me connaît et l'on me reconnaît, on me salue par mon nom - Ce, bonjour Monsieur Giono, où allez-vous comme ça ?" 
Notes personnelles dans Giono à Manosque - Maurice Chevaly 



"C'est la gare de Marseille, nous sommes arrivés."




"Dès que je descends le grand escalier de la gare Saint-Charles, je ne suis plus que la millionième partie anonyme du monstre."
Notes personnelles dans Giono à Manosque - Maurice Chevaly


L'escalier monumental de la gare Saint-Charles


"Pour les gens de Manosque, Marseille est une sorte de Moscou. Je veux dire une ville de rêve. Ils conjuguent pendant toute leur vie le verbe "aller à Marseille", à tous les temps et à toutes les personnes."
Jean Giono - Noé


"Une ville de rêve..."




Aujourd'hui Jean Giono se rend chez son ami Gaston Pelous (1) qui habite Marseille tout en haut du boulevard Baille, dans une petite rue donnant sur la rue Sainte-Cécile ; plus exactement au 7 rue Mouren, devenue maintenant rue Yves Lariven. Depuis le boulevard Baille on y accède par la rue Nègre : 


Jean Giono et Gaston Pelous


"Je vais chez Gaston P., à l'extrémité du boulevard Baille. 
(...) Où se trouve le logement de mon ami Gaston P. qui m'a accueilli si souvent et me recueille encore si souvent que je prends sans effort sa maison pour la mienne."
Jean Giono - Noé


Place Castellane

Le boulevard Baille et la rue Yves Lariven :



"Et d'abord, en sortant de la gare, il me faut prendre un trolleybus qui me mène à la place Castellane. Mais ce matin j'aime mieux ne pas attendre le tramway. Le boulevard Baille, dans cette lumière, est charmant".

Le boulevard Baille

Au domicile de Gaston Pelous, au numéro 7 rue Mouren, (rue Yves Lariven) :



Plan du quartier Baille et de la rue Lariven (extrait La Pléiade)


"Le personnage d'Angelo est né à Marseille, sur le trottoir devant les "filles repenties". J'habitais à cette époque, pour quelques mois, à l'extrémité du boulevard Baille, dans ce qui est actuellement la rue Yves Lariven, chez mes amis Pelous. J'occupais la chambre de la Mémé. Cette chambre donnait sur le préau d'une école maternelle".
Jean Giono - Préface d'Angelo dans la Pléiade tome IV page 1191



Au n° 7 rue Yves Lariven, les petites fenêtres de côté
donnent sur la cour de l'école 


À l'angle de la rue Sainte-Cécile et de la rue Lariven
La façade de l'école, toujours en activité



La rencontre avec Angelo :



Plan du domaine Flotte ou Campagne Flotte (extrait La Pléiade)


"Finalement, j'abandonnai la rue de la Turbine, (...) quand à ma droite, je vis une rue intitulée : avenue Flotte, elle commençait comme une rue, mais on voyait qu'à cent mètres de là elle était dans un mystère d'ombre et qu'elle continuait au-delà. (...) C'est dans le serpentement de ses allées désertes, (...) que j'ai rencontré le romantisme des temps disparus.(...) C'est là que je rencontrai pour la première fois ce personnage qui était comme un épi d'or sur un cheval noir. Il semblait être le fantôme des choses".
Jean Giono - Noé




"Certains quartiers  de la ville comme (...) la rue de la Turbine, l'avenue du domaine Flotte, ont gardé beaucoup de charme. Certaines maisons à allure de petits couvents, (...) possèdent encore de romantiques jardins. Il suffit là d'un arbre, d'un lierre, d'une glycine."
Jean Giono - Provence





Le lourd portail sécurisé... Mais...


Quelle ne fut ma surprise en arrivant avenue Ferdinand Flotte de trouver cette rue fermée par un immense portail (sécurisé), m'empêchant alors d'explorer  ce lieu aux "allures romantiques" ! Et retrouver à mon tour Angelo, mon Hussard, car il faut le dire, c'est avant tout pour cela que j'étais venue ! Contrariée de ne pouvoir accéder à ce domaine j'ai la chance alors de rencontrer un résident de ce "petit paradis", lui-même féru de littérature à qui j'ai rapidement exposé le but de ma visite. Intéressé par ma démarche il nous invite à entrer .
N'écoutant que ma curiosité mais soucieuse de rester discrète, je pousse légèrement le petit portail et là, en effet un paradis s'offre à moi... Avec de coquets petits domaines, tous bien entretenus, une allée qui serpente dans la colline, quelques vestiges du temps passé, quelques photos plus tard nous quittons le lieu enthousiastes et émerveillés. Mille mercis encore à ce Monsieur. Il ne pouvait me faire plus plaisir.


Les petits domaines de la Campagne Flotte


Petit Paradis en plein coeur de Marseille


Au hasard de "L'avenue Flotte" qui n'a plus rien d'une avenue... 


Comme il me fallait, avant de quitter ce lieu, imaginer cette rencontre et la conserver à tout prix dans un coin de ma mémoire... Ce vendredi matin de mai, dans cet instant illusoire et dénué de toute réalité, il a surgi devant moi, Angelo, le Hussard, instant magique, le long de ce mur ocre de la campagne Flotte, tel "Un épi d'or sur un cheval noir" !!

"C'est là que je rencontrai pour la première fois
ce personnage."
Le mur de Notre-Dame de Charité, le refuge des repenties, la rue des vertus,  deuxième rencontre avec Angelo :


Je n'ai hélas pas trouvé trace de Notre-Dame de Charité, ni du couvent du refuge, ni des repenties... Au 145 du Boulevard Baille se dresse un immense parking à étages et dans la rue des Vertus un immeuble neuf et sans âme. Mais une friche jouxtant cet immeuble peut faire penser à une démolition récente... Contrariée de ce contre-temps, je n'ai cette fois aucunement cherché à rencontrer moi-même Angelo ! De toute façon, aujourd'hui dans le vacarme et l'agitation de la circulation intense que serait-il venu faire ?? 



À l'angle de la rue des Vertus et du boulevard Baille on voit
clairement le couvent du refuge (qui hélas n'existe plus en 2018)

(Source Lexilogos)


Voici ce que Jean Giono dit de cet endroit et de cette rencontre :

"C'est le long de ce mur qu'un soir j'ai rencontré un personnage qui devait tenir une grande place dans ma vie. A dire vrai, j'en avais déjà fait une première rencontre dans le courant de la journée, dans un endroit très extraordinaire de Marseille, et peu connu, qui s'appelle l'avenue Flotte. (...) (Il va falloir que je décrive cette avenue Flotte, sinon, on va s'imaginer que c'est une avenue comme il y en a tant ; pas du tout...) Mais il n'avait fait que me frôler comme une fumée. A peine avais-je eu le temps d'apercevoir les arabesques et les trèfles de galons (...) et le casque d'or emplumé de faisanerie sous lequel était un très pur et très grave visage." 
Jean Giono - Noé

Ou encore un peu plus loin : 

"Nous passons le long du boulevard devant l'endroit où, un soir, celui qui ressemble à un épi d'or sur un cheval noir m'est apparu pour la deuxième fois ; où j'ai su qu'il s'appelait Angelo ; qu'il était colonel des hussards du roi de Sardaigne". 
Jean Giono - Noé



A l'angle de la rue des Vertus et du Boulevard Baille




Rue des Vertus, où était censé se trouver le couvent du refuge 


Ou encore :

"En arrivant à la maison, comme tous les soirs, Nini et Gaston m'attendaient avec leur bon sourire. Je dis :
- Nini, je viens de rencontrer un type épatant.
- Nous le connaissons ? dit-elle.
- Pas encore, dis-je, mais vous le connaîtrez sans aucun doute.
- Vous trouvez toujours des types épatants, Jean, dit-elle ; je ne sais pas comment vous faites.
- Je n'en sais rien non plus, lui dis-je. En tout cas, cette fois, il n'y a pas à s'y tromper. C'est un cavalier qui semblait un épi d'or sur un cheval noir. A mieux regarder, j'ai reconnu que c'était un officier des hussards du roi de Sardaigne en grand uniforme.
- Où l'avez-vous rencontré ? dit-elle.
- Là, sur le boulevard, le long du mur des repenties.
- Est-ce que c'est vrai ? dit-elle.
- Bien sûr,  dit Gaston.
- C'est tellement vrai, lui dis-je, que c'est peut-être même la seule chose vraie de tout Marseille, ce soir.
Jean Giono - Noé

Le quartier de "La Plaine" et la place (aujourd'hui nommée place Jean Jaurès) :

Au dessus du cours Julien, se trouve cette vaste place bordée d'une double rangée d'arbres qui en fait un endroit plaisant, calme et très ombragé. Le bassin d'attraction décrit par Jean Giono n'existe plus hélas... Mais on y trouve tout de même un beau jardin d'enfants équipé de toutes sortes de manèges. Cet espace de verdure est un havre de paix au coeur de la ville et abrite certains jours de semaine un grand marché. 



La place 


"C'est une vaste place encadrée de chaque côté par deux allées d'arbres. Au printemps il y a ici dessus une foire. Du temps de ma jeunesse, il y avait au centre de cette place un bassin dans lequel évoluait un bateau à rames à forme de petit paquebot et pouvant contenir une dizaine d'enfants. Un feignant costumé en matelot faisait faire pour deux sous trois fois le tour du bassin, lentement, avec de longues pauses. Cela s'appelait le tour du monde."
Jean Giono - Noé


Le jardin d'enfants

"Chaque fois que je descendais à Marseille avec mon père, il me payait ça. Je montais dans la barque et j'étais navré de le quitter car il restait à terre. Il restait à terre et il faisait lentement tout le tour du bassin en même temps que moi car il était navré de me quitter. Mais, dès que nous arrivions à Marseille, lui et moi (j'avais cinq ans), il me disait : Viens, Jean, je vais te payer le tour du monde." Il n'y a plus de bassin..."
Jean Giono - Noé


Les deux allées d'arbres


Le quartier du Panier, La vieille-Charité, l'Hôtel-Dieu et La Major :

Le Panier, véritable esprit de Marseille et ses ruelles escarpées, respire de toutes ses diversités. Ses hautes maisons colorées et fleuries, de délicieuses petites placettes ombragées où il fait bon s'installer en terrasse, ses merveilles d'architecture avec la Vieille-Charité ou encore l'Hôtel-Dieu. Ces deux grandes bâtisses, l'une, la Vieille-Charité à vocation culturelle est l'oeuvre de l'architecte Pierre Puget et l'autre un ancien hôpital du XVIIe transformé aujourd'hui en hôtel de luxe.



La Vieille-Charité

"Un des plus beaux monuments de Marseille est la Vieille-Charité. C'est une construction à la Piranèse. Il faut la chercher dans un lacis de ruelles à "navigateurs" sur les collines qui dominent le port à droite en regardant la mer."
Jean Giono - Provence



L'Hôtel-Dieu



La cathédrale de La Major,
un mélange d'art gothique, roman et byzantin.

"Les rues, ou plus exactement les ruelles, de ces quartiers sont encore sensibles et émues du pas du promeneur."
Jean Giono - Provence






Place de la Vieille-Charité en Terrasse ... 

"Mille lessives italiennes pendues aux fenêtre de la rue du Panier..." 
Jean Giono - Provence



"Mille lessives... "

L'abbaye Saint-Victor : 


"Elle a des créneaux, des tours de guet, des courtines et vaguement de la contrescarpe dissimulée à ras de terre tout autour d'elle, comme un tirailleur aplati qui guette."
Jean Giono - Description de Marseille dans Chute de Constantinople





L'abbaye Saint-Victor datant du XIe siècle



Cette première journée riche en découvertes se termine, à présent c'est l'heure où la ville revêt ses habits flamboyants et où le vieux port resplendit des mille lumières et couleurs du soir.



Le vieux port aux mille couleurs


"C'est l'heure où, sur le vieux port, après avoir touché les lucarnes du fort Saint-Nicolas, les rayons du soleil viennent frapper en plein la véranda du Cintra et les chambres de l'hôtel Beauvau. Les lueurs du couchant remontent la Canebière."
Jean Giono - Provence


L'hôtel Beauvau au soleil couchant (photo Nicolas Reymes)

Le bar le Cintra (photo site de la Provence)
Le bar "Le Cintra" a été remplacé par "L'OM Café". Toutefois, à ma connaissance il existe encore  et se trouve maintenant à l'entre-sol dans l'enceinte de l'hôtel Beauvau.






"Dans chaque maison des villes et des villages et dans chaque ferme, il y a chaque soir, au-dessus du lit, dès que la lampe est éteinte, une sorte de brouillard dans lequel apparaît une ville d'or semblable à une énorme couronne de roi, semblable à une vaste couronne d'élu : C'est Marseille."
Jean Giono - Noé






Rendez-vous  très prochainement pour les autres découvertes du jour 2


(1) Gaston Pelous  : Jean Giono le rencontre en 1935 à Lalley dans le Trièves où la santé de son fils Guy a incité ses parents à venir passer leurs vacances. Jean Giono et Gaston Pelous se lient d'amitié, à toute épreuve, affectueuse, attentive et confiante. Ils se voient régulièrement dans le Trièves, au Contadour et à Marseille, où Gaston est fonctionnaire des renseignements généraux.

(source Association des amis de Jean Giono)

















lundi 25 mai 2015

A Manosque, sur le chemin de la Thomassine ...





Encore et toujours , suivons le bon guide en la personne de Jean-Louis Carribou (1)! C'est toujours un plaisir de mettre nos pas dans les siens et par la même occasion dans ceux de Jean Giono !!




Marcher un livre à la main !!

C'est sur la colline de la "Thomassine" que nous allons nous promener...


 ..."Le véritable trésor de Manosque est sa beauté . Beauté difficile à définir, si elle subjugue néanmoins d'un coup. Tout ce qu'on trouve ici, cent villes de Provence le possèdent : lumière et soleil, patine des crépis et des argiles, oliviers gris, cyprès, collines rousses : le catalogue n'a rien d'exceptionnel. Ce qui l'est, c'est l'ordre dans lequel ces éléments sont composés."
Jean Giono - Provence



Sur le chemin de la Thomassine


"La colline d'Espel et celle de la Thomassine barrent la route au vent du nord. C'est le mouvement même du ciel qui les a modelées. Leur flexible ligne de crête laisse passer dans le creux de sa houle cet air vivant, gloire de la haute Provence, fruit des lavanderaies, ce vent acide et fondant comme un sorbet dont les hommes nés sur cette terre ne peuvent plus se passer et qui les poursuit de nostalgie, où qu'ils aillent. Qui respire ce vent apprend une nouvelle volupté."
Jean Giono - Provence




Le cyprès, "arbre beau chanteur"

Le cyprès 'beau chanteur'

"Dans les collines, il y a toujours cet arbre à côté des fermes ; vous savez pourquoi, vous?
- Ah, mon bon monsieur, moi, je sais, je vais vous dire.(...) de mon temps, on plantait le cyprès, vous savez pourquoi? Parce que c'est un arbre beau chanteur. (...) C'est profond, c'est un peu comme une fontaine, tenez. (...) Ici on ne pouvait pas se payer le luxe de faire couler tant et plus . Ici, on mesurait l'eau à la burette.(...) Donc, pour remplacer la fontaine on plantait un cyprès au bord de la ferme, et comme ça à la place de la fontaine d'eau on avait la fontaine de l'air avec autant de compagnie, autant de plaisir."
Jean Giono - Solitude de la pitié


La maison de la Biodiversité (2)


Terrasse des eaux vives et des oliviers
Terrasse belvédère, au fond, les vignes
Le sentier s'élève doucement à l'arrière de la Thomassine au milieu des pins et des chênes verts. Nous laissons sur le côté la ruine d' un aqueduc qui paraît-il alimentait autrefois Manosque en eau.



"L'aqueduc dont le canal vide charrie le vent..."


L'aqueduc


"Cette terre qui s'étend, large de chaque côté, grasse, lourde, avec sa charge d'arbres et d'eau, ses fleuves, ses ruisseaux, ses forêts, ses monts et ses collines (...) avec de la force et des méchancetés? (...) avec de la vie!  La vie c'est des mouvements, c'est des soupirs... La voix de l'aqueduc et le chant des arbres."
Jean Giono - Colline



Le vallon




C'est dans ces collines au dessus de Manosque qu'Angelo recherche "malgré le vol des corneilles et le soleil fou" son ami Guiseppe réfugié après avoir fui la ville et la maladie : 


"Vous avez dû vous rendre compte qu'il n'y a plus personne en ville. (...) tout le reste est allé s'installer dans les champs, au grand air, dans les collines avoisinantes.(...) Sur les gradins, toute la population de la ville était rassemblée comme pour le spectacle d'un grand jeu.
(...) Le spectacle était si incongru qu'Angelo s'était arrêté.
(...) Il alla négligemment s'asseoir au pied d'un pin. Il s'adossa au tronc. (...) En bas de la colline était la ville : une carapace de tortue dans l'herbe. (...) Plus loin, serpentant à plat, une Durance de pierre et d'os, sans une goutte d'eau.

"Ces réflexions lui donnèrent beaucoup de tranquillité et il continua à monter dans la colline..."





"- Tu connais le chemin?

- Je connais un chemin que personne ne sait. Et qui y va franc.(...)
Jean Giono - Le Hussard sur le toit


Nous serpentons au milieu des amandiers, vergers et pins de toutes sortes, le chemin monte toujours.


Ça grimpe !

 A l'endroit nommé "Arborea" - il s'agit du lieu où ont été plantés par des enfants 1000 cèdres en hommage à Jean Giono pour commémorer le centenaire de sa naissance - on ne peut  s'empêcher de penser à  la belle fable de "L'homme qui plantait des arbres"!!












"Après le repas de midi, il recommença à trier sa semence. Je mis je crois, assez d'insistance dans mes questions puisqu'il y répondit. Depuis trois ans il plantait des arbre dans cette solitude. Il en avait planté cent mille, vingt mille étaient sortis. Sur ces vingt mille , il comptait encore en perdre la moitié, (...) restaient dix mille chênes qui allaient pousser dans cet endroit ou il n'y avait rien auparavant."

"Il avait jugé que ce pays mourait par manque d'arbres. Il ajouta que, n'ayant pas d'occupations très importantes, il avait résolu de remédier à cet état de choses."

" Je lui dit que dans trente ans, ces dix mille chênes seraient magnifiques; Il me répondit très simplement que, si dieu lui prêtait vie, dans trente ans, il en aurait planté tellement d'autres que ces dix mille seraient comme une goutte d'eau dans la mer."
Jean Giono - L'homme qui plantait des arbres"



Le col de la Mort d'Imbert sur les hauteurs de Manosque (source internet)


Nous sommes toujours sur la colline de Pétavigne, nous empruntons la piste forestière en direction du col de la mort d'imbert , la montagne de Lure nous apparait soudain, toute bleue, barrant l'horizon et comme chaque fois c'est un grand coup au coeur devant tant de beauté.
Débouchant sur la crête, c'est en panoramique que tout le Haut Pays se déroule sous nos yeux émerveillés ...



Soudain la montagne bleue barre l'horizon
"Alors, un beau matin, sans rien dire, la colline me haussa sur sa plus belle cime,  elle écarta ses chênes et ses pins, et Lure m'apparut au milieu du lointain pays.
Elle était vautrée comme une taure dans un litière de brumes bleues."
Jean Giono - Présentation de Pan



Sur la colline, la bouche sombre et béante d'une grotte



"Le bonheur fou" de randonner


Nous avons longé la crête et fait le tour de cette colline, nous retrouvons les cèdres de Giono qui côtoient d'autres espèces et prenons un petit sentier bien agréable et ombragé pour redescendre doucement vers notre point de départ et retrouver la Thomassine.(3)










"L'admirable monde"



"Je les vois tous : ici, ce sont des chênes, des bouleaux, des érables ; (...)plus loin les châtaigniers, des peupliers, plus loin des pommiers - et ils sont régulièrement plantés dans une terre verte - plus loin encore des pins aroles, puis les gros chênes qui commencent à escalader les pentes de l'autre côté, puis les sapins, puis les mélèzes, des pâturages bordés de pruniers bleus, puis le grand corps sombre de la forêt."
(...)" Je marche plus vite que mon pas et je suis partout à la fois, et toutes les odeurs je les sens, toutes les formes je les touche."
Jean Giono -Les vraies richesses

"Devant moi, une terre rase montait vers un sommet qui me paraissait être
LA  JOIE ..."
Jean Giono -Les vraies richesses - préface aux Contadouriens.







(1) Tome 1 - 10 balades littéraires à la rencontre de Jean Giono, collection marcher un livre à la         main , le bec en l'air  (Manosque-des-Plateaux)

(2) La Maison de la biodiversité vous invite à découvrir la diversité des fruits dans un verger, au fil de l'eau vous passerez par les jardins de roses, vignes, oliviers, figuiers et potagers de légumes oubliés-

(3) pour l'itinéraire exact et précis de cette belle randonnée, se rapporter au livre de Jean Louis Carribou balade no 3