J'aurais aimé...

J’aurais aimé Manosque et la Provence comme berceau de mon enfance !
J’aurais aimé séjourner au Paraïs !
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samedi 25 mai 2013

Jean Giono en amitié : Edith Berger, le "peintre du pain quotidien"...

                       

                        Edith Berger, peintre du Trièves



"Ma montagne est belle, la plus belle, et mon village est tout un monde... et je ne peux me résoudre à ramener cette grandeur à l'échelle des paysages communs".
Edith Berger

Edith Berger est née à Grenoble le 28 Novembre 1900, elle découvre le Trièves en 1920...








"C'était en Hiver pour mes 20 ans, j'étais allée faire un voyage à Saint-Tropez, nous rentrions en train de Marseille quand tout à coup, le col de Lus-La-Croix-Haute s'est ouvert sur le Trièves, il était seize heures ; il faisait très froid. Le soleil se couchait sur l'Oisans, et le Trièves paraissait bleu dans l'ombre. Il y avait  de la neige et des traîneaux tirés par des chevaux. C'était magnifique.
Les maisons étaient comme couvées sous un édredon de neige et semblaient filer la laine de leurs moutons par le trou de leurs cheminées".
Edith Berger (Dans le Trièves d'Edith Berger de André Giraud)


Lalley en hiver (huile d'Édith Berger)


Habitée par le souvenir du Trièves, elle séjourne à Lalley une première fois en 1929 puis y revient pour quelques mois en 1930.
En 1934, Antonin Bernard, maire de Lalley l'informe que l'instituteur du village laisse vacant son poste de secrétaire de mairie, elle s'y installe alors et devient correspondante du journal "le petit dauphinois" (ancêtre du Dauphiné libéré).
Dans ce village elle  trouve une paix intérieure et  la solitude  qui  lui  sont nécessaires, elle se sent en harmonie avec l'univers qui l'entoure et trouve un rythme de vie à sa hauteur. Ici lui sont offerts en suffisance les sujets et les thèmes qui alimenteront l'oeuvre de toute une vie.
d'après André Giraud ( Le Trièves d'Edith Berger)




La mairie, école de Lalley

Edith Berger, les foins (collection Y. Perli)


Edith Berger rencontre Jean Giono en 1931 , elle profite d'un séjour à Gréoux-les-bains pour se rendre au domicile de l'écrivain à Manosque, elle cherche alors des conseils pour assouvir son désir d'écrire. De cette première rencontre naît une amitiè profonde, ils se reverront souvent à Manosque, puis à Lalley ou Giono passera des vacances familiales. Ils éprouvent tous les deux le même attachement pour le Trièves.
d'après André Giraud ( Le Trièves d'Edith Berger)





Jean Giono a toujours apporté son soutien et intérêt au travail d'Edith Berger "Qui peignait comme un homme alors que son ami Lucien Jacques peignait comme une femme"
Giono revient à Lalley en 1949 et lui rédige un premier texte de deux pages manuscrites de sa fine écriture, en Février 1950, Edith lui demande deux pages supplémentaires. Ainsi naît "Village", c'est le dernier ouvrage de Jean Giono qui prend pour cadre le Trièves. Cet ouvrage de bibliophilie, édité à 150 exemplaires est achevé d'imprimer le 3 Juin 1950. Les dix premiers volumes sont enrichis d'un dessin original du peintre. 
Giono écrit à Edith Berger : " Si la vente marche et si tu le désires, je pourrais donner un texte chaque année".
d'après André Giraud ( Le Trièves d'Edith Berger)



Portrait de Jean Giono par Edith Berger

De toute cette amitié, ce respect du travail de l'autre Jean Giono dira en 1948 :

"Il y a vingt ans que je suis avec un intérêt affectueux le travail d 'Edith Berger. Il y a vingt ans que je la vois s'approcher de plus en plus près de la vérité avec une patience d'ange. Elle est maintenant à un point ou le choix qu'elle fait pour exprimer les êtres et les choses coïncide exactement avec le choix que ces êtres et ces choses ont fait d'instinct pour exprimer leur propre vie, elle est le peintre du pain quotidien".
Jean Giono - 1948 préface à une exposition

C'est par la qualité de son oeuvre que cette artiste discrète, secrète même, qui s'est tenue à l'écart - géographiquement et esthétiquement - des courants et des milieux artistiques, a obtenu sa reconnaissance.

A 71 ans elle écrit : " Si je considère ma vie, elle m'apparaît comme un contre jour, jamais un éclairage franc, de couleurs éclatantes. S'il y a de la lumière, ce n'est que par reflets ou lueurs frisantes, irisations. En fin de vie, cela n'a pas d'importance, l'essentiel est que tout cela "tienne" et fasse un beau tableau".




Edith Berger vers 1990, photo Michel Adam

Edith Berger repose depuis 1994 dans le petit cimetière de Lalley parmi ces hommes et ces femmes de son village qui ont participé étroitement à la création de son oeuvre. Depuis 1991, une place du village de Lalley porte son nom.
d'après André Giraud ( Le Trièves d'Edith Berger)(1)


La plaque sur la place de Lalley


(1) Pour en savoir plus, lire les  ouvrages de André Giraud (le Trièves d'Edith Berger - CPI patrimoine en Isère et Présence d'Edith Berger et Jean Giono à Lalley en Trièves - plaquette éditée par la mairie de Lalley)

dimanche 19 mai 2013

Lalley, ou le Trièves de Jean Giono


"J'arrive mes montagnes ! fermez la porte derrière moi"..



Plaque apposée sur le mur de la mairie de Lalley


Panorama sur le Trièves en arrivant à Lalley


"Une Provence montagnarde et Dauphinoise" 
André Giraud, présence de Jean Giono et Edith Berger à Lalley en Trièves





Lalley (photo camping Belle Roche - source internet)



Lalley, son clocher et ses montagnes

L'église de Lalley


La forge sur la place 

Jean Giono a situé plus de la moitié de ses livres ailleurs qu'en Provence. Le Trièves, cette superbe région de moyenne montagne du Dauphiné, forme le cadre géographique d'une part non négligeable de son oeuvre.
Dès Septembre 1931, l'écrivain séjourne quelques semaines à l'Est du cirque du Trièves, dans le hameau de Tréminis.
Au début de 1935, il fait part à son amie Edith Berger, peintre à Lalley de son désir de revenir dans le Trièves en famille pour les vacances. Le maire de Lalley loue aux estivants une partie de sa maison, celle-ci est disponible pour la saison d'été. Le 6 Juin 1935, Giono vient une journée se familiariser avec le lieu de ses prochaines vacances et dès le lendemain, il écrit dans son journal : 


" J'arrive à Lalley, le contact des montagnes me réjouit le coeur, je suis comme éclairci de l'air respiré, c'est de ce pays au fond que je suis fait, tout est si bien, fleurs, herbes et chants d'insectes".
D'après René Bourgeois et Jean Serroy, Le Trièves de Jean Giono (1) et extrait du journal de Jean Giono - 7 Juin 1935


L'espace Giono


L'espace Giono 



"je vois une belle arche de pierre dorée, des toits couverts de petites diatomées des montagnes et au fond de l'horizon la montagne de Clelles qu'on nomme le bonnet de Calvin. Les toits des villages sont admirables de pente et de couleur. Sous ma petite fenêtre, une fontaine. Au moment de m'installer j'ai eu un peu peur de la fontaine. Maintenant, je sais qu'elle va m'aider, en tout cas, faire avec moi une amitié hautaine et distante, pas désagréable".
Jean Giono, Journal du 15/07/1935



La fontaine sur la place de Lalley


Quel hasard vous a amené à Lalley ?

" Ce n'est pas un hasard. J'aime particulièrement le Trièves. Cette plaine tourmentée qui s'étend en triangle sous l'Obiou et le Grand Ferrand. Je suis à pied d'oeuvre pour marcher dans la montagne. Et puis j'aime la vie avec ces paysans âpres et doux".
Extrait de l'interview réalisée à Lalley en Juillet 1935



La maison "Bernard" que Jean Giono louait au maire de Lalley




La maison vue de côté


"Et bien vous voyez, Lalley est un village de montagne. C'est près de Saint-Maurice-en-Trièves. Il  est assez près du col et assez haut. La vigne ne pousse pas là. Seulement au flanc d'un ruisseau qui s'appelle l'Ebron, et dont j'ai parlé dans "Batailles dans la montagne". Il y a les vignes des paysans de Lalley. Tous les paysans de Lalley ont une vigne là, une toute petite vigne qui leur permet de faire un petit vin aigre, au goût de pierre à fusil, très bon mais rare. Ce vin paraissait si important dans la vie de Lalley que je m'en suis servi dans "Batailles dans la montagne".
Entretiens radiophoniques avec Jean Amrouche - été 1952



"Une toute petite vigne qui leur permet de faire un petit vin aigre
au goût de pierre à fusil..."
(Photo M. Ducheny)


A Lalley, au bar "Chez Francisque" (collection C. Pelous)



"Bistrot épatant, voûté, monacal, grand cheval de fille serveuse épaisse, lourde, un animal juteux."
Jean Giono, journal

"Dès son arrivée à Lalley, Giono fréquenta le café tenu par Francisque Forest - qui fut hélas tué durant la guerre par la Guestapo.
Il jouait aux boules ; parfois aux echecs avec le garagiste Effantin. Très spontanément, il engageait la discussion avec les villageois, notamment avec un réfugié italien , un peu marginal, qu'on appelait Bergues."
Entretiens, Madame Edith Berger avec André Giraud


Jean Giono, Elise, Aline et Sylvie à Lalley (collection C.Pelous)

Vacances à Lalley

"Un départ à destination du Trièves représentait presque une expédition. A pied, le matin nous quittions notre maison pour nous rendre à la gare de Manosque. Le train Marseille-Briançon nous conduisait jusqu'à Veynes ou nous attendions la correspondance pour Grenoble, notre voyage en train s'achevait à la gare de Saint-Maurice-en-Trièves et c'est à pied que nous arrivions le soir au village de Lalley, lieu de nos vacances.
Ce Trièves était pour mon père un endroit magique, fuyant les chaleurs estivales de Manosque, cette fraîcheur tonique, caractéristique de la montagne augmentait sa vitalité.
C'est durant l'été 1935 que nous nous sommes rendus pour la première fois à Lalley. Ce premier séjour fut riche en rencontres, le peintre Édith Berger, des personnages comme il aimait les décrire dans ses romans, le garagiste, le cafetier, André Gide et sa fille Catherine et Jean Denoël vinrent nous rejoindre et passèrent quelques jours dans ce coin de montagne, nous sommes retournés pendant de nombreuses années à Lalley".
Sylvie Giono, Propos recueillis à Manosque par J. et R. Mannent


(1) Lecture recommandée : Le trièves de Jean Giono - René Bourgeois et Jean Serroy - Patrimoine en Isère, musée Dauphinois


samedi 23 février 2013

J’aurais aimé...


J’aurais aimé Manosque et la Provence comme berceau de mon enfance !
J’aurais aimé séjourner au Paraïs !
J’aurais aimé avoir 20 ans au Contadour pour vivre la grande aventure !
J’aurais aimé être employée au Comptoir National d’Escompte !
J’aurais aimé savourer une glace au grand café glacier !
J’aurais aimé récolter les olives sur les pentes du "Mont d’or" !
J’aurais aimé trouver la fraîcheur le long du petit canal de Manosque !
J’aurais aimé parcourir les sentiers près de la Thomassine !
J’aurais aimé découvrir le plateau de Valensole, "ce grand désert lavandier" !
J’aurais aimé apprécier le vin aigre des Paysans de Lalley !
J’aurais aimé assister au procès Dominici !
J’aurais aimé partager le banquet de Crésus !
J’aurais aimé participer à l’enquête du Capitaine Langlois !
J’aurais aimé chevaucher  sur la crête de Lure avec Pauline et Angelo !
J’aurais aimé danser avec Hortense au bord de la Durance !
J’aurais aimé saluer Lucien Jacques et Serge Fiorio à Montjustin!
J'aurais aimé la compagnie d'Edith Berger à Lalley !
J’aurais aimé échanger, la-haut aux graves avec Pierre et Paule Pellegrin !
J’aurais aimé prendre un café avec Pierre Magnan, le matin à Forcalquier !
J’aurais aimé apprendre l’histoire de cette Provence chère à Maurice Chevaly !

Et surtout, surtout, par dessus tout, j’aurais aimé faire la connaissance de Jean Giono !!

J’aurais aimé qu’il me narre "Sa provence", son pays secret, sa référence, sa préférence, cette Provence des hautes terres, rude, sombre et mystérieuse du Bout de la route et d’Un roi sans divertissement ! cette Provence des collines et des vallons éclaboussée de soleil et écrasée de chaleur...
Michèle Reymes